bar bahar (azadeh)

31/05/2019

Azadeh Farhan

je danserai si je veux.

(pinterest)
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Nom complet × Azadeh qui signifie libre, porté comme un étendard, suivi d'un nom, Farhan, jusque là superflu. Elle l'a inventé pour le monde occidental ; dans le village qui l'a vue naître, elle est connue sous le simple prénom de Nesrin, depuis longtemps abandonné au profit de son nom de scène. Âge × vingt-quatre ans, vécus comme mille vies. Date et lieu de naissance × un village de l'Oblast de Kars, terre dérobée par le Tsar au sultan de l'Empire ottoman quelques années avant sa naissance, le trois mars 1883. Statut marital × Louve solitaire, elle a trop connu les hommes pour vouloir s'y unir. Occupation × Bien vite, elle a compris que c'est en mentant qu'elle s'en sortirait. Azadeh est diseuse de bonne aventure, cartomancienne, voyante ; donnez-lui le nom que vous voulez. En réalité, elle est surtout escroc, dérobant l'or et les bijoux qui s'offrent à elle, quand les bourgeois tournent le regard, trop occupés à louer ses dons divinatoires. Classe sociale × Prolétaire qui rêve à mieux. Tchin × Huit, elle se hisse peu à peu dans les rangs de la bourgeoisie, les séduit de ses tours, elle qui n'a jamais été qu'une étrangère. Groupe × Automne, quand la question est davantage celle de la survie que de l'idéal ; les hommes sont tous les mêmes, et aucun ne la sauvera. Avatar × Melisa Asli Pamuk.

♕ Mémento
Petite fille des rues d'Orient, Azadeh n'a longtemps connu que la misère dans laquelle elle est née. Elle est enfant d'un village disparu, englouti sous des enjeux politiques plus grand qu'elle, que tous ceux qui y vivent, comme autant de victimes de guerres intestines et de décisions prises par des hommes aux airs sérieux et aux barbes bien nettes, installés derrière leurs bureaux en bois massif sans jamais les quitter. Très vite, elle comprend : si elle s'attarde là, elle se mariera, aura des enfants qu'elle peinera à nourrir, et jamais ne partira. Mais Azadeh est ambitieuse et ne veut de cette vie. A peine âgée de dix-sept ans, elle se lance sur les routes de l'Empire, qu'elle sillonne en compagnie d'un colporteur de bas étage qui vend ses bricoles sur tous les marchés de Russie. Un départ aussi inespéré qu'inattendu, comme un signe du ciel qu'il lui faut s'en aller. Sa crinière sombre et ses orbes noirs attirent les regards, et ensemble, ils font d'elle une sibylle venue d'orient, comme une autre camelote sur l'étalage. Elle se fait magicienne pour les uns, sorcière pour les autres, invoque l'au-delà et vend les grigris du mentor à des sommes déraisonnables, au nom du retour de l'être aimé ou d'une protection contre les esprits malveillants. Son mentor lui enseigne aussi l'art du larcin, et peu à peu, elle apprend à se servir dans les poches des clients. Vient l'arrivée à la capitale et les adieux au bonimenteur. Saisie par la ville, sa foule bavarde et son rythme haletant, Azadeh décide qu'après plus d'un an à traverser le pays, le voyage touche à sa fin. Tous les jours, elle joue son numéro d'oracle sur un coin du marché, bête de foire aux yeux des passants. Mais très vite les dames aux robes de mousseline et les messieurs aux chapeaux feutrés la repèrent, et la voilà invitée dans tous les salons cossus de Saint-Pétersbourg, comme un énième divertissement offert aux hôtes. Là, elle se fait séductrice, louvoie jusqu'à entrer dans les bonnes grâces, n'attirant plus soupçon mais louanges. Et, dans le flou des soirées mondaines, elle se glisse à travers les appartements, saisissant discrètement objets d'art, pierres précieuses et travaux d'orfèvre, revendus plus tard dans le ventre fourmillant de la ville aux mille dorures - quand elle ne s'accorde pas le plaisir de quelques perles et bijoux, conservés précieusement. Rien que pour elle, enfin.

♕ Entrevue
Bonjour, je me présente, Kostya Iakoupov, journaliste aux Nouvelles de Saint-Pétersbourg. Je rédige un article sur le quotidien des habitants de la cité, pouvez-vous m'accorder cette brève entrevue ?
Avec un grand plaisir ; les astres y sont favorables.
Elle lorgne sur la montre à gousset suspendue à la veste du journaliste, avant de lui adresser un large sourire.

Tout d'abord, voulez-vous bien me parler un peu de vous ?
Bien sûr. Je m'appelle Azadeh Farhan, je suis originaire des terres les plus septentrionales de notre vaste empire. Je vois ce que les autres ne peuvent voir, j'entends les voix de ceux qui ne sont plus.
...Et je mens comme je respire, pourrait-elle rajouter, sans se départir du sourire mystérieux qu'elle a appris à aborder en toutes circonstances.

Depuis quand vivez-vous à Saint-Pétersbourg, et que pensez-vous de la ville ?
Je suis arrivée il y a quatre ans, accompagnée d'un marchand capable de voir mes talents. Je l'ai suivi jusqu'ici, où j'ai eu un coup de foudre pour notre capitale : sa vie, ses gens...
Son argent, aussi, car Azadeh a avant tout été séduite par l'or et le luxe à tous les coins de rue, l'opportunité d'une carrière dans cette ville où les roubles coulent à flot.

Pouvez-vous me raconter une journée ordinaire pour vous, votre quotidien ?
Rien d'extraordinaire, vraiment. J'ai installé mon stand sur un coin de la Place Sennaya, où je me trouve dès les premières heures du jour, attendant mes premiers clients, désireux de découvrir leur avenir ou de renouer avec un ancêtre perdu. J'y passe généralement la plus grande partie du jour, quand je ne suis conviée à quelque sauterie - je pratique également mon art à domicile, si cela vous intéresse...
Au journaliste, Azadeh adresse un sourire. S'il ne semble pas de la même trempe que les nobles chez lesquels elle est invitée, il n'en reste pas moins un éminent notable, et elle ne perd jamais une occasion de se rappeler à ces gens-là - sans jamais préciser le tarif, bien plus élevé qu'ils ne peuvent l'imaginer.

Avez-vous beaucoup d'amis à Saint-Pétersbourg ? Des personnes qui vous sont hostiles, peut-être ?
J'ai quelques accointances, ni plus, ni moins. Vous savez, avoir accès à l'inconnu et l'au-delà peut parfois vous attirer des inimitiés... Et puis, avouons-le, je diffère assez dans le paysage pétersbourgeois.
Elle se garde bien d'évoquer ses affinités avec certains membres de la Bratva, ses amis contrebandiers et ses voisines prostituées de la Place Sennaya.

Pratiquez-vous des activités, avez-vous des loisirs ?
Je n'en ai guère le temps, vous savez - nous n'avons pas tous la chance de pouvoir prendre congés de notre travail, et le mien, voyez-vous, me suit en permanence. Elle répond, prétendant toujours être sous une emprise spirituelle réelle. Pourtant, elle cède à la confidence : Mais à choisir, j'aime me promener sur le marché, et sur les docks, où arrivent les produits venus de ma région ; ça me rappelle la maison...

Parlons politique désormais. Quel est votre avis sur la situation actuelle du pays ?
D'avis, je n'ai pas réellement ; mais je sens un changement arriver, la terre gronde d'une révolte qui approche. J'ignore cependant quel sera le succès de cette entreprise - les cartes me parlent
La question est fréquente, parmi ses clients, dont beaucoup sont des bourgeois aux véléités conservatrices, qui se replient peu à peu sur leurs inquiétudes. Si Azadeh n'a nulle opinion politique, elle voit dans ces mouvements de révolution la promesse d'un nouvel ordre, où les plus riches ne seront plus - et cette idée la tente autant qu'elle la terrifie, tant elle ignore quelle sera sa place alors.

Enfin, diriez-vous que vous êtes heureuse, aujourd'hui, à Saint-Pétersbourg ?
Le bonheur est une notion bien relative. Il fluctue, et il nous est difficile de le saisir. Je ne puis dire s'il m'atteint réellement, mon esprit ne saurait s'y attarder.
Bien sûr, qu'elle est heureuse : la gamine ottomane s'est fait une place à Saint-Pétersbourg, elle mange à sa faim, porte de beaux vêtements, et sème rêves et mensonges sur ses pas.

♕ Mascarade

J'me présente, je m'appelle : Mariko again
Comment as-tu connu le forum ?
Habitudes de jeu : Généralement entre 300 et 500 mots, j'essaie de répondre dans la semaine suivant le post (sans rien promettre cependant, je suis parfois bien lente )
Mot de la fin : j'vous aime.