M O T - S A D E ;;

♕ Mémento

TRIGGER WARNING ;; violence, sexe

pure caricature des bâtards recrachés par mère saint-pétersbourg. pur rejeton sacrifié sur l'autel des gaillards avec une cuillère en argent enfoncée dans le gosier, si bien que le vomi même saurait pas l'extirpé. fils d'une pute qu'avait de belles chicots, reconnue que pour ça parce que c'était pas normal qu'une donzelle en guenille puisse avoir autant de blanc en ouvrant sa bouche. elle savait l'ouvrir, elle savait la fermer aussi, elle avait de ces cheveux qui rappelaient les reflets de l'or fantasmé. elle était belle, cette pute. elle était belle, sa mère, avec une gentillesse dont personne se serait vraiment douté, alors que des chiards elle en a eu à la pelle, des loupés, des terminés à la pisse qu'ont pas su passer l'hiver. puis y'a eu nika, y'a eu ses prunelles charbons et sa tignasse plongée dans la nuit. y'a eu sa nouvelle raison de continuer à se farcir des coups de rein, y'a eu sa nouvelle raison de pousser ses heures si fort qu'elle en avait mal, qu'elle en pissait parfois un peu de sang.

y'a eu nika avec son sourire de coin, avec sa grande gueule et ses mots cinglants, y'a eu nika qui craquait ses épaules et qui serrait ses poings ridicules face à ceux qu'osaient trop parler sur sa mère. y'a eu nika qui à treize ans s'est retrouvé sans rien, la pute tabassée à mort pour filer la gaule à un père de famille qui reniflait la gnôle.

y'a eu ses larmes, y'a eu la manche, à brailler dehors pour tirer la pitié à la corde du pendu. y'a eu l'attente, la sensation de se statufier sur place, quelques tentatives désespérées de fourrer ses doigts dans les poches des messieurs.

puis il s'est ramené, ilari, avec sa grosse moustache trop fournie, son rire gras et ses bras de molosse. il s'est ramené ilari, alors que nika foutait des beignes à un garçon à peine plus vieux que lui - il s'est calé entre les deux, a derechef cessé le combat avant que ça dégénère plus que ça et qu'un couteau ou qu'un bout de verre entre en jeu, assez pour entamer un sourire de l'ange. il s'est ramené, ilari, pas vraiment un miracle, plus un coup de poker dans les dents.

ça puait la pisse, ça puait le rat. il payait vraiment pas de mine, nika, avec sa tignasse collée sur ses tempes, son front, qui descendait jusqu'à ses joues et venait même un peu couvrir la naissance de son cou.

il a cru nika, que c'est à cause de son pif déglingué qu'il a eu le droit d'entrer chez ilari. la vérité c'est que sa peau sur ses os avaient eu le mérite de lui retourner les tripes, c'était pas le premier, c'était pas le dernier. fallait croire quelque part que ça lui rappelait quelque chose. ilari c'était rien, ilari c'était tout, ilari il disait, en lui foutant de la flotte sur la gueule.

- t'es dans un sale état gamin.
- t'es pas bien beau gamin.
- t'es même carrément moche gamin.
- depuis quand t'as pas bouffé ?
- depuis quand tu t'laisses crever ?
- tu t'bats pas si mal.
- t'es plutôt rapide.
- tu pues aussi gamin.
- j'sais pas c'que j'vais faire de toi.

il l'a même pas jeté dehors avec un coup de botte au cul. sans doute qu'il s'est dit à ce moment bêtement qu'il pouvait en faire quelque chose, qu'il avait qu'à l'engraisser un peu pour en faire un bon gars. son gars.

ilari qu'a été bien bon durant des années, ilari qu'était respecté aussi par ceux qu'il connaissait, qui considéraient que le nika c'était un peu de la chair de sa chair ou ce qui s'en rapprochait. ilari qu'a toujours eu le chic pour lui dire comment bien se positionner, comment décocher une droite ou une gauche, comment mettre un coup de genou qu'aurait de quoi plier un homme en deux. ilari à qui il devait plus qu'une chienne de vie.

il a fait son grand homme nika, il s'est trouvé une place dans une usine, ouvrier durant quelques années, pas vraiment satisfait de la situation qu'était proposée. il s'est tout bonnement tiré sans donner de raisons ni de tableaux à accrocher, il a chopé sa veste froissée et poussiéreuse, il est descendu dans les bas-fonds, il s'est remis en position.

nez qu'explose
côtes qui se rejoignent
jambes qui tremblent
mâchoire qui se décoche

y'a comme des mélodies du corps qui reviennent.

- ALLEZ ! ALLEZ !
- SOKOLOV FILS DE PUTE VA CREVER !
- ALLEZ VAS-Y !
- SOKOLOV ! ALLEZ !
- ENFOIRÉ !

y'a comme les tintements des affamés qui cherchent à s'abreuver la sueur des combattants épuisés, l'écho des rires satisfaits. un qui tombe à terre, l'autre qui reste debout, regarde le plafond en bois, ravale le goût ferreux qui s'extirpe du coin de sa bouche ravagée.

silence.

♕ Entrevue
Bonjour, je me présente, Kostya Iakoupov, journaliste aux Nouvelles de Saint-Pétersbourg. Je rédige un article sur le quotidien des habitants de la cité, pouvez-vous m'accorder cette brève entrevue ?
bonjour.

soupçon d'un sourire.

avec plaisir.

Tout d'abord, voulez-vous bien me parler un peu de vous ?
et bien, et bien, et bien. nika sokolov, 35 ans, sans femme à mon bras, heureusement ou malheureusement allez savoir.

reste d'un rire, il hausse les épaules.

pas grand-chose à dire à ce sujet, j'crois.

Depuis quand vivez-vous à Saint-Pétersbourg, et que pensez-vous de la ville ?
depuis tout p'tit, depuis toujours on va pas s'mentir. de saint-pétersbourg on va pas tergiverser, elle est pas prête de mourir ou de s'en aller. elle est trop grande, assez pour tous nous digérer comme elle le veut. elle m'fait un peu peur des fois, j'l'aime aussi des fois. c'est comme une femme, c'est comme un homme, c'est presque vivant tellement ça grouille dedans.

Pouvez-vous me raconter une journée ordinaire pour vous, votre quotidien ?
se lever, avoir mal un peu partout mais se lever quand même. s'habiller, avaler quelque chose rapidement.
aller
à l'usine.

silence, regard qui fuit.

repartir, rentrer, dormir.

Avez-vous beaucoup d'amis à Saint-Pétersbourg ? Des personnes qui vous sont hostiles, peut-être ?
ça vient, ça part, y'a jamais trop ou moins. c'est pas si compliqué de s'faire bien voir par le type d'à côté ou même par sa femme avec la seule jolie robe chère qu'elle a dans son armoire. ça m'aime, ça m'aime pas, y'en a qui m'en veulent d'avoir gagné, d'autres d'avoir perdu, au moins ça paie d'éveiller les passions.

Pratiquez-vous des activités, avez-vous des loisirs ?
quelques gribouillis ici et là de dessins avortés, paysages, visages, j'aime bien ça depuis un paquet d'années. sinon -

profonde inspiration.

j'vois pas non.

croise ses bras sur son torse.

Parlons politique désormais. Quel est votre avis sur la situation actuelle du pays ?
c'est pas comme si brailler ç'allait changer quelqu'chose. j'pourrais dire que c'est injuste, qu'il faut qu'ça tombe, qu'on devrait se r'trouver sur la même marche de l'escalier. mais parler ça vaut pas son pesant sur la balance.

silence.

hm.

Enfin, diriez-vous que vous êtes heureux/se, aujourd'hui, à Saint-Pétersbourg ?
parce que l'bonheur ça intéresse quelqu'un ? aux dernières nouvelles c'était pas dans les grands titres. mais merci d'poser la question, trop aimable.

♕ Carte blanche
de la vapeur s'échappe de sa bouche.
nika le cul planté au sol, à renifler.
ilari qui fronce les sourcils, laisse tomber ses bras le long de son corps.

- j'ai mal.
- et alors ?
- et bien j'ai mal.
- et bien il y a pire qu'avoir mal, nika.
- tu trouves ?
- il y a la mort.
- tout d'suite la mort.
- bien sûr la mort. parce que si tu sais pas te défendre, nika, c'est pas moi qui le fera.
- et pourquoi pas ?
- parce que. allez, lève-toi.

nika qui se redresse, chancelle un peu. haut comme trois pommes pourries qui se tassent l'une sur l'autre.
ilari qui s'avance vers lui, place ses bras.

- droit, toujours droit. monte pas le menton. t'es pas un bourgeois.
- j'ai mal.
- arrête de t'plaindre. droit j'ai dit.

nika qui exécute.
ilari qui sourit.

- ferme bien les poings. fais attention à tes jambes.

un temps.

- maint'nant frappe. et m'dis pas qu'tu veux pas, t'as l'habitude de frapper. frappe. frappe aussi fort que tu peux, frappe comme si j'allais t'arracher les yeux, frappe comme si j'étais un loup, comme si j'étais un soldat, comme si j'étais une lame, comme si j'étais le vent d'hiver.

un temps.

- NIKA ! FRAPPE !

jointures qui craquent et blanchissent.
il frappe.

- t'es pas un mauvais gosse.
- tu crois ?
- j'crois en rien moi.
- si j'suis pas mauvais ilari, alors j'suis quoi ?
- quelqu'chose. quoi j'sais pas, mais quelqu'chose.
ilari qui sourit, qui fout ses pattes dans ses cheveux.
nika tout ébouriffé qui laisse claquer un rire sec.
- en tout cas t'es pas un bien beau prince.
- ça a quoi d'plus quand on y pense ?
- d'l'argent. ça a jamais faim.
- oui, mais mis à part ça ?
- ça a tout.
- oh.
- oui. oh.

silence.

- tu d'vrais te ménager, ilari. tu t'fais vieux.
- vieux ?
- oui vieux, comme vieux, comme un vieux chien, comme - j'sais pas moi.
- sûr que j'peux plus courir après les demoiselles.
nika qui lui file un bol de soupe, qui se frotte les mains. qu'a déjà plus de vingt ans.
ilari qu'est allongé, se redresse un peu, inspire profondément l'odeur de la bouffe. qu'est pas loin de bouffer les pissenlits par la racine.
- parlant d'demoiselles.
- quoi ?
- bah. celle que tu r'luquais l'autre jour.
- ah.
- comment elle s'appelle ?
- j'en sais rien.
- elle est pas mariée j'espère ?
- non pas cette f-
- nika.
- quoi ?
- y t'faut une jolie fille. et une fille bien.
- mange, ilari. comme ça tu causeras plus.
regards qui s'entendent.

silence.

- fait longtemps qu'on l'a pas vu, ilari. l'est passé où ?
- mort.
- mort ?
- mort comme mort.
- mort d'quoi ?
- qu'est-c'qu'j'en sais ? le coeur s'est p'tête arrêté, le corps a juste décidé qu'il pouvait plus tenir, qu'est-c'que tu veux que j'te dise ? il est mort comme on meurt un beau jour, et j'te rassure t'y passeras aussi.
- tu d'vrais arrêter d'boire nika.
- dégage.
- tu -
- tire-toi.

silence.
nika qui sort, s'adosse au mur, pousse un profond soupir, cale ses paluches dans le fond de ses poches.
fait froid, fait toujours froid.
fait froid dedans, fait froid dehors.
fait froid un peu partout, même dans les plissures, même dans les commissures, même là où y'a pas de murs, même sous les cils, même dans le thorax et entre les veines.
silence.

y va se perdre, nika, au détour de lèvres, y va se perdre quelques heures, oublier que ça gèle, oublier que l'hiver aura jamais été aussi long.

♕ Mascarade

J'me présente, je m'appelle : salut salut. je pose mon cul alors que je suis surbookée, pire qu'une adoration c'est même une passion.   allez des bisous sur vos glorieuses miches bombées.   Comment as-tu connu le forum ? bazzart. Habitudes de jeu : tout dépend en vrai, 300-400 mots en général, je peux tartiner as heck ou pas. Mot de la fin :   ma vie ce smiley.