Merci de privilégier les personnages n'étant pas issus de la noblesse
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| | someone you loved. (elisaveta) | |
| Auteur | Message |
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Invité | Sujet: someone you loved. (elisaveta) Lun 27 Mai - 22:17 | |
| Elisaveta Rostovaloving you had consequences starksansaa♕♕♕
Nom complet × Un patronyme sur beaucoup de lèvres. Presque des murmures qu'elle entend glisser sur la pierre froide. Rostov. Un nom qui a pourtant presque retrouvé toute son souffle. Toute sa prestance. Une grandeur autrefois perdue dans les lignées et dans les sangs. Mais qui par cet oiseau astral fut retrouvée, presque chérie. L'argent coule dans ses veines et l'ancêtre oublié semble apaisé. Et pis cette autre caresse sur la langue. Elisaveta. Une douceur dans l'âme. La tête pleine de rêve. Et surtout d'étoiles. Cela évoque la vie. Cette explosion qui grandit en elle chaque jour et la fait rayonner. Un prénom presque comme une caresse sur son coeur finalement. Et puis, un patronyme. Mikhaïlovna. Beaucoup plus caractériel. Beaucoup plus fort. Loin de cette fragilité qui secoue ton âme à chaque instant. Sans doute la plus violente des tempêtes. Âge × Les traits parfois encore enfantins. Mais une certaine maturité dans le regard, dans le sourire ingénu. Elle n'en a pas trop vu pourtant. Pas trop fait. Les lectures sans doute. Des mots, des phrases, qui l'élevaient dans les étoiles, la promenant à travers les astres et la faisant grandir. Pourtant, le vingt-huitième pétale s'écrase à peine sur le sol froid et rigide. La rose, bien droite et fière, a encore de belles années devant elle. Une jeunesse éternelle semble peindre ses traits. Néanmoins, il est connu que bientôt la beauté fanera. Bientôt, la peau flétrira. Personne ne peut se frotter au maître du temps. Chronos est invincible. Date et lieu de naissance × Il neigeait ce jour-là. Les flocons s'accumulaient sur le sol, fondant à peine sur le sol gelé. Quatorze février. Il était beaucoup trop tôt. Elle aurait du ouvrir les yeux lorsque les fleurs écloront. C'était ce que les médecins avaient déclarés. Pourtant, la neige recouvrait encore les monts quand l'étoile décida de crier son premier cri. Ce dernier résonna presque entre chaque montagne de Russie. Annonçant alors sa venue aux dieux. Emmitouflée dans un manteau comme berceau, elle découvrait la vie et son contraire. Statut marital × L'anneau à son doigt frêle pèse parfois presque trop lourd. Elle n'a jamais eu le choix. L'amour, ou bien le choix, lui était refusé de naissance. Elle apprendrait, sa mère lui avait dit. Et elle essaye. Elle tente d'ouvrir son coeur à cet homme qu'elle connait si peu mais à qui pourtant elle s'est liée pour l'éternité. Petit à petit, l'union de ces deux êtres aussi imparfaite et fragile qu'elle soit, semble devenir un peu plus vrai. Elisaveta ne lutte pas. Elle connaît son devoir. Mais aussi sa chance. Elle aurait pu tomber bien plus bas, avec un homme vil et cruel. Mais, son mariage n'était que lumière. Elle en prenait conscience. Son mari était un homme profondément bon et en qui sa confiance se perdait chaque jour. Pourtant, malgré ses efforts, malgré ce coeur qui a fini par palpiter en voyant le regard azuré de son mari, son organe semble s'être perdu depuis des années. Il n'a jamais su retrouver le chemin de sa cage thoracique. S'abandonnant à un autre homme malgré elle. L'interdit, la tentation. Une chose bien trop compliquée pour une frêle âme comme la sienne. Alors, elle tente de détourner les yeux, pensant plutôt aux étoiles et à son infinité. Presque. Occupation × Les yeux toujours rivés sur le ciel. Les étoiles lui chuchotent presque à l'oreille chaque soir. Devant tant de beauté, elle s'y perd. Elle se laisse emporter par ce flot de poésie. Parce que c'en est pour elle. Enfant de la lune, elle ne compte plus les heures qu'elle passe à observer les astres, le sommeil ne l'intéressant plus. Astronome, c'est comme cela qu'elle se définit. Ses carnets se remplissent chaque nuit comme ceux des poètes, ayant les astres pour seuls témoins. Son temps se noie sous le ciel étoilé chaque soir. Elle a fini par leur ressembler. La peau de porcelaine, immaculée, et ses longs cheveux se peignant de la couleur lunaire. Classe sociale × Famille longtemps reniée, l'enfant a redoré le blason. A présent, l'or recouvre à nouveau les vêtements et les mains redeviennent blanches. Mariage comme bénédiction, l'étoile brille parmis les plus grands. Noblesse retrouvée, elle se complet dans cette vie de plaisirs simples, loin de la tempête qui se dessine au dehors. Tchin × Tchin 3, noblesse donc. Groupe × été. Avatar × jenna louise coleman. |
♕ MémentoLa famille d'Elisaveta est assez connue. Connue pour sa déchéance, pour sa trahison. En effet, au milieu du XIXème siècle, l'ancêtre fut accusé de traitrise. Pire encore, de vouloir assassiner le tsar. Répudiée et rejetée, la famille dut travailler dur pour retrouver son prestige d'antan. La progéniture était promesse d'avenir. Chaque membre de la génération suivante permit de retrouver le prestige d'antan et de redorer le blason. L'apothéose s'accomplit grâce au mariage d'Elisaveta avec un grand de la cour. Née à Saint Pétersbourg, cette dernière n'a jamais connu autre endroit. Elle a grandi dans une famille composée déjà de deux enfants, Mikhail et Sousanna. Si le premier semblait indifférent, la seconde sembla bien contrariée de l'arrivée de sa petite soeur. Cette dernière tenta par tous les moyens de ressembler à son aînée mais ne fut que rejeter de plus belle, tant la jalousie gangrenait l'âme de Sousanna. Si ses premières années furent aventureux et presque sauvage, Elisaveta est devenue une jeune fille timide et réservée. Les convenances de son temps ont toujours fait partie de son éducation. Sa mère voulait faire d'elle un parfait produit de la société, et elle y réussit. Pourtant, si la jeune fille sage tentait d'être la perfection pour sa mère, elle ne put s'empêcher de fauter. Juste une seule fois. C'était un homme du peuple. Ou du moins, un serviteur de son père. Rien d'extraordinaire. Une histoire qu'elle a lue des dizaines de fois dans ses romans d'amour. De leurs moments volés au détour d'un couloir ou de leurs conversations, allongés comme des enfants dans l'herbe du parc familial. Pourtant, la fin n'en est que plus déchirante. Elle a du laisser le laisser partir, lui donnant à jamais son coeur. Elle ne sait à vrai dire la raison qui l'a poussé. Il avait prétexté une mobilisation ou une aide à sa famille. Elle ne savait plus trop à vrai dire. Le résultat était là : Il l'abandonnait. Elle dut faire bonne figure devant sa famille. Et oubliant son myocarde cassé, elle ne put qu'être que cette pâle copie d'elle-même. Elle devint cette femme que la société adorait : discrète, pieuse et docile. Une femme de son époque. Elisaveta n'a jamais fait partie de ces modernistes. Bien au contraire. Dans une société patriarcale, elle se pliait au désir de son père. Quand celui-ci voulut la marier, elle acquiesça. Les mariages d'amour étaient rares. Voire inexistants. Sa mère lui disait que cela viendrait. Que son coeur allait finir par s'y habituer. Il faut croire qu'elle était bien naïve. Mais son mari n'était pas un mauvais bougre. Si certaines de ses amies avaient écopés d'un homme tempête, elle avait eu de la chance. Elle se consolait comme elle pouvait. Pourtant, si l'union ne fut pas d'amour, les deux époux, la bague au doigt, surent trouver un terrain d'entente. Le respect teintait leur relation et l'estime était pour l'un et l'autre haute. Elle était son épaule comme il était son roc. Le mariage n'était après tout qu'une association de deux êtres, une sorte de petite entreprise où l'un collaborait avec l'autre. Tout simplement. Néanmoins, quand l'heure de l'héritier vint de poser, la peur peignit les traits de la jeune femme. L'enfant se faisait attendre et fit presque douter son entourage. Si les femmes de son entourage lui conseillèrent mille et un conseils, son mari dut prendre parfois quelques mixtures. Quatre ans après leur mariage, vint enfin alors l'enfant prodigue. Enceinte de cinq mois, Elisaveta est une femme accomplie. Elle se complaît dans son bonheur futur sans penser à l'agitation de la rue. Toutes les crises qu'elle voit passer ne sont que des caprices que le tsar saura régler. Elle ne s'inquiète pas, vit des plaisirs simples de la cour sans penser au lendemain.♕ EntrevueBonjour, je me présente, Kostya Iakoupov, journaliste aux Nouvelles de Saint-Pétersbourg. Je rédige un article sur le quotidien des habitants de la cité, pouvez-vous m'accorder cette brève entrevue ?Son visage acquiesce doucement, ses mains remettant un pan de sa robe qui traînait un peu trop sur le sol. Bonjour, bien sûr. J'ai tout mon temps pour vous accorder une entrevue. Dites-moi tout.Tout d'abord, voulez-vous bien me parler un peu de vous ?Avec plaisir. Je m'appelle Elisaveta Rostova, j'ai vingt-huit ans. Je suis la dernière de la famille, après ma soeur et mon frère. Je suis mariée depuis maintenant quatre ans et j'attends mon premier enfant, ce qui en soi constitue mon activité principale. répondit-elle alors. Les lèvres pincées, elle ne sut qu'ajouter. Les femmes nobles russes n'avaient malheureusement pas le loisir de pouvoir avoir réellement une activité en dehors des chiffons ou des causeries entre amies.Depuis quand vivez-vous à Saint-Pétersbourg, et que pensez-vous de la ville ?J'ai toujours vécu à Saint Pétersbourg. J'y suis née. Pourtant je ne pourrais dire que cette ville soit la mienne. Je ne sors que très rarement dans les rues. Elle pencha la tête un instant, comme pour réfléchir. Le prix de la noblesse était parfois celui de la cage dorée, surtout pour les femmes nobles. Je connais bien mieux les couloirs de ma maison, tenta-t-elle dans un sourire. Petite, je voulais sauter dans un carrosse à pieds joints et rejoindre la ville pour pouvoir l'explorer. Ma mère m'a réprimandée lorsque je m'éloignais un peu trop de ma gouvernante lors de mes sorties. A présent, ce désir m'est passée. Sans doute, car j'aime mon intérieur et le confort que j'y trouve. Je n'ai pas besoin de plus à vrai dire. Pouvez-vous me raconter une journée ordinaire pour vous, votre quotidien ?Ce n'est pas très intéressant, vous savez. Je me lève généralement vers dix heures. A cette heure-là, mon mari est déjà dans son bureau pour travailler sur quelques documents. Je me réveille donc seule et m'habille grâce à une de mes gouvernantes qui m'aident à enfiler et lasser mes robes. Je petit-déjeune très peu. Mon estomac ne supporte pas la nourriture le matin, encore plus depuis ma grossesse. La matinée est déjà bien commencée et je commence alors une broderie ou parfois je peins un peu. Midi sonne et je mange avec mon mari. L'après-midi peut diverger. Je peux aller rendre visite à des amies ou celles-ci me visitent. D'autres fois, je continue mon activité du matin. Le soir est réservé aux évenements mondains où je me rends avec mon mari.Avez-vous beaucoup d'amis à Saint-Pétersbourg ? Des personnes qui vous sont hostiles, peut-être ?Vous savez, c'est assez difficile à dire. Le protocole est si... protocolaire parfois. Je dirais que nous avons tous un respect pour les autres et une certaine sympathie. Néanmoins, il est vrai que j'ai plus d'affinités avec certaines personnes que d'autres. Comme tout le monde, je suppose.Pratiquez-vous des activités, avez-vous des loisirs ?Mes journées ne sont que consacrées à celles-ci, à vrai dire. Un rire franchit ses lèvres. Avant ma grossesse, j'adorais monter à cheval. Mais depuis,je tente de m'occuper grâce à la peinture. Je passe aussi beaucoup de temps à coudre. Néanmoins, j'aime aussi passer beaucoup de temps dans la grande bibliothèque de notre maison où sont rangés des dizaines de livres. J'ai arrêté de compter ceux que j'ai fini par dévorer à vrai dire.Parlons politique désormais. Quel est votre avis sur la situation actuelle du pays ?Je ne pense pas avoir réellement d'avis dessus. Ma mère m'a toujours dit d'être en dehors de tout ça. Elle secoua doucement la tête face à la rigidité de sa matriarche. Mais... Je dirais que le climat est compliqué. Notre bien aimé tsar a tenté de contenir les demandes du peuple tout en gardant son pouvoir. Je pense que c'est une bonne chose. L'autocratie et surtout le tsarisme sont l'âme de la Russie. Laisser trop de terrain aux peuples pourrait mettre en péril le tsar et par extension la Russie. Néanmoins, il était devenu nécessaire de trouver un terrain d'entente, de lâcher un peu de leste presque. Le peuple avait des revendications et avaient des besoins. De plus, depuis la guerre russo-japonaise de 1904-1905, la Russie devait se moderniser pour retrouver sa grandeur et pour rivaliser avec les autres pays. La douma était parfaite pour concilier le tout. Comme la Constitution de l'année dernière d'ailleurs. Ainsi, je dirais que le contexte était au changement mais il faut que la Russie reste la Russie, celle si belle et dont tous les russes sont si fiers.Enfin, diriez-vous que vous êtes heureux/se, aujourd'hui, à Saint-Pétersbourg ?Bien sûr ! Quelle question. J'aime ma vie, mon mari et mon pays. Je ne changerai pour rien au monde. Je suis née à Saint Pétersbourg et j'y mourrais probablement. Cette ville serait toujours la mienne, et je m'y sentirais toujours chez moi, quoi qu'il advienne.♕ Carte blanchePeut-être n'aurait-elle jamais du se trouver là. A cet instant précis. Peut-être que sa vie aurait du s'arrêter il y a quelques mois déjà. Mais c'était sans compter sur sa mère, implorante. Un sacré bout de femme. Des prières. Presque des suppliques envoyés au ciel. Des phrases prononcées presque trop bas mais qui pourtant prirent le chemin jusqu'à eux. Le dieu. Celui qui pourtant n'est plus prêché pour d'autres. Pourtant, peut-être reconnaissant qu'on ne l'oublia pas, il a décidé de la sauver. De donner à ce petit ange un bout salvateur du ciel. Sa mère n'en fut que reconnaissante. C'est sans doute pour cela que Elisaveta tient une place importante dans sa vie pour la religion. Elle lui a sauvé la vie, sa génitrice n'a eu de cesse de le lui répéter. La princesse des astres, avait fini bénie des dieux. De toute façon, chez elle, la religion a toujours eu sa place. L'orthodoxie est prêchée depuis toujours. Elisaveta a toujours tenté de suivre à la lettre les bons préceptes, gardant d'ailleurs même encore maintenant toujours sa bible sur sa table de nuit. Mais certaines nuits, elle ne savait si elle adressait plus ses prières à dieu ou aux étoiles, ses fidèles amies. Cherchant alors peut-être une réponse parmi les astres. + Parfois, Elisaveta ne sait pas comment gérer tout ça. Ce surplus. Ce statut qui la faire plier sous son poids. Sa tête est toujours haute, un léger sourire bienveillant sur les lèvres. Mais en elle, se déchaînent les pires tempêtes. Tout est si compliqué. Si difficile. Devoirs. Rôle à tenir. Tout s'entrechoque dans sa tête. Tout semble lui échapper. Seul, son refuge dans les étoiles semble apaiser les pires tourments de son pauvre coeur. Beaucoup pense qu'être noble, riche et ayant du pouvoir révéler d'une partie de plaisir. Ce n'était pas vrai. Pas complétement. chaque couche avait ses problèmes, ses contraintes. Elisaveta le découvrit assez rapidement. Être une femme dans une société patriarcale était un lourd fardeau à porter. A commencer par l'anneau qu'elle n'avait pas choisi au doigt. Chaque jour, il pesait un peu plus. Elle essayait, faisait tout pour que cela marche. Pour rendre fiers ses parents. Parce que c'était ça la finalité, la fierté de ses parents, la grandeur complètement retrouvée de ses parents. Mais son coeur ? Quel coeur ? Il avait fini par être abandonné au détour d'un chemin. Parfois, il battait un peu quand il était là. Parfois, il se réveillait au détour d'une caresse sur sa frêle peau. Mais de suite, il finissait par repartir, par s'oublier lui-même. Derrière tous ces devoirs. Toutes ces choses qu'elle ne pouvait absolument pas échapper. + Elle trouvait alors du réconfort dans ses étoiles. Elles ne mentent jamais. Elles scintillent dans le ciel, et le feront toujours pour elle. Elisaveta se sent si apaisée quand elle observe le ciel si noir de la nuit. Elle se laisse se perdre elle-même dans ces constellations, tentant de découvrir leurs secrets ou bien leurs histoires. Généralement, elle gribouille ses carnets tous ces liens astraux qu'elle découvre, qu'elle admire. Si un autre osait lire ses notes, il n'y comprendrait surement rien. Elle avait ses annotations à elle, ses dessins qui ne s'ouvraient qu'à elle. Parfois, la réalité se mêlait aux rêves, sa passion devenant si palpable. Son songe faisait d'elle la princesse des astres, celle qui pour le temps de quelques heures se transformait en étoile, en comète. Qui sait ? Cela ne la déroutait pas. Elle se laissait emporter dans ses onirismes avec joie. Parfois, elle était cette étoile si brillante et étincelante. D'autres fois, elle était cette comète qui traversait le ciel à toute allure avant de mourir quelques heures plus tard dans le cimetière nocturne. Et pis, certaines fois, elle était cet astre si majestueux. Si rassurant et calme. La lune la prenait en son sein pour l'accueillir tendrement, comme une mère et son enfant. + Depuis sa plus tendre enfance, Elisaveta aime se perdre dans d'autres dimensions. A commencer par le ciel. C'était un fait. Pourtant, il existait aussi d'autres moyens qu'elle employait avec bonheur chaque jour. A commencer par les livres. La bibliothèque familiale était surement la pièce préférée de l'angelot brun. Elle pouvait y rester des heures, simplement en lisant l'ouvrage qu'elle avait commencer. Elle avait fini par avoir ses œuvres préférées, ses écrivains fétiches. Comme ce recueil de poésie qu'elle avait chéri de nombreuses heures à tourner ses pages indéfiniment. Les mots s'étaient presque imprimés d'eux-mêmes dans sa mémoire. La poésie si forte et belle s'était écoulée dans ses veines avec délice. Néanmoins, à l'emmener absolument partout avec elle, elle avait fini par l'oublier sur un banc. Quelque part. Elle avait fini par laisser une part d'elle même à quelqu'un d'autre, un bout de son âme céleste. + Si son enfance a été une partie de sa vie qu'elle a toujours chérie au plus profond de son être, l'angelot brun a néanmoins quelques taches d'ombres au tableau. L'aînée a toujours été cette noirceur. Cette tâche au tableau qui fait encore souffrir Elisaveta, malgré l'amertume qu'elle a fini par ressentir pour son aînée. Les parents pensaient d'abord à une jalousie qui s'estomperait avec les années, qui feraient d'elles des alliés plus liées que jamais. Mais jamais le ciel ne s'éclaircit. Jamais il ne brilla pour les deux. La rancœur de la rousse n'atteignit pas le petit astre qui tentait à maintes et maintes prises se faire pardonner. Mais comment s'excuser de sa propre naissance, de sa propre existence ? Elisaveta courrait après l'amour de sa grande soeur. Elle s'essoufflait sur une relation qui n'avait jamais tenu debout. Les reproches de Sousanna étaient bien trop acérés, bien trop cruels. Le modèle qu'elle avait toujours recherché tombait en lambeaux devant ses yeux. La grande soeur chérie n'était que cette comète dévastatrice qui voulait faire imploser son propre univers. + L'amour. Avoir le choix. Tout ce que ses romans lui dictaient à longueur de journées. Elle se galvanisait d'un idéal inaccessible. De paroles qu'elle ne pourrait jamais prononcer, de gestes qu'elle pensait hors de portée à jamais. Son coeur souffrait. Elle tentait de l'ignorer, de se contenter de cette vie que beaucoup penseraient parfaite. Elle repoussait de toutes ses forces les réminiscences qui s'imposaient à elle. Ou encore de ces battements de coeur un peu trop fébriles quand il était là. Dans la même pièce qu'elle. Le regard impassible. Cette douceur dans les traits. Elle effaçait l'impardonnable. Ces souvenirs qui faisaient encore bien trop mal. Mais c'était trop dur. Ils revenaient sans cesse vers elle. Ils l'attiraient presque vers un trou noir sans fond. Elle avait peur de glisser. Tellement peur. Pourtant, la chute semblait à la fois inévitable et salvatrice. Grossière erreur. L'homme aux yeux clairs était son astre noir. Celui si attirant. Il était sa damnation. Cette tentation presque insoutenable dans son coeur. Mais elle restait bien souvent de marbre. Tant bien que mal alors que la tempête se déchaînait encore une fois dans son coeur. Elle n'avait pas le droit. Ils n'avaient plus ce droit. Les deux comètes ne pouvaient se rencontrer à nouveau. L'explosion serait bien trop brutale, dévastatrice. Oh pauvre d'eux. + La douceur et l'innocence incarnées. Elisaveta est à la hauteur de ses fleurs préférés. Les lys blancs. Symbole de la royauté perdue mais surtout de la pureté et de l'amour si originel, si purifié. C'est ainsi qu'elle a toujours eu l'habitude d'orner ses propres appartements de ces fleurs. Elle pense à les changer généralement toutes les semaines, embaumant alors tout son appartement. + Elisaveta est douée pour la beauté des choses. Elle apprécie tout particulièrement la musique. Elle pourrait rester des heures à simplement écouter les accords se succéder. C'est assez naturellement qu'elle prit des cours de piano dès son plus jeune âge. D'abord pour parfaire son éducation de jeune fille, et finalement pour elle-même, ayant aussi trouvé une sorte d'ami en l'instrument. Le piano devint bien vite une partie intégrante de sa vie. Tout comme les livres. Il était presque le reflet de ses émotions. Les notes exprimaient ce qui pouvaient se trouver de si profonds en elle. Les mots qu'elle ne pouvait exprimés à voix haute s'attrapaient sur le clavier du piano. Les hurlements se transformaient en longues sonates désespérés. Les rires quant à eux, devenaient de jolis airs qui enchantaient toute la famille. Ainsi, le piano fut vite une extension de son âme. Un bout d'elle-même tombé presque par hasard de son être. + Quelques regards enfantins. Des paroles banales échangés au détour de quelques minutes à peine. Ce sont les seules choses qui l'a liée à lui. Son prince des cieux à qui on l'avait promise. Un presqu'inconnu que seuls des souvenirs parfois bien trop flous dessinent. Des fiançailles au gout amer de la convenance. L'amour n'entrait pas dans la balance. Il était exclus. Les principaux intéressés n'étaient pas fous. Pourtant, la belle étoile ne dit rien, ne protesta pas. Elle laissa simplement son coeur se défiler. Il n'était pas un vil et cruel homme. Il serait bon envers elle, elle le sut la première seconde où elle l’aperçut. Sans doute une intuition. Si parfois les larmes semblent couler bien malgré elle le soir, elle fait tout pour être heureuse ainsi. Après tout, elle ne manquait de rien et ses parents étaient terriblement fiers d'elle. L'important était là. Ses sentiments n'étaient que secondaires, presque inutiles. Son rôle n'était pas de s'étaler en émotions. L'esprit positif, elle mue cette alliance imposée en véritable alliage. Des alliés contre la vie. Une union basée sur la confiance et le respect de l'autres. Bien que rien ne semblait idéal, son mari avait été là pour elle. Pour ses premiers pas à la cour du tar. Il la prit par la main, la guida à travers ce nouvel environnement, presque hostile et froid. Quant à elle, elle fut son épaule où il put en silence pleurer la mort de son père. Un mariage finalement revisité par les deux intéressés. Tentant tout simplement de trouver du réconfort auprès de l'autre malgré leur propre coeur laissé à d'autres. + Et l'enfant devint femme. Les fines courbes féminines si bien dessinées changèrent, s'arrondirent. La vie explosa en elle. Comme une fleur au printemps. Devait-elle se réjouir ? Devait-elle devenir comme toutes ces femmes qui ne se définissaient que par ça ? Elle était après tout avant tout la mère de l'héritier. Celle qui portait ce précieux. Certaines fois, elle ne se pense qu'ainsi. Femme de. Mère de. N'était-elle plus que Elisaveta Rostova ? Cette jeune femme à la joie de vivre et au doux sourire. Elle semble s'être légèrement effacée sous le poids du devoir. Mais la douceur ne semble pas l'avoir quittée. Elle se surprend à poser sa main sur le ventre béni, déjà protectrice envers cet autre être. Néanmoins, la boule dans sa gorge ne semble pas désemplir ces derniers temps. Plus les semaines passent, plus son angoisse augmente. Oui, elle a peur. Oui, elle se sent démunie face à tout ce qu'il lui arrive. Cela s'est passé si vite. Un abandon totalement à l'autre presque inattendu qui se solde par la fusion parfaite de leur union, ne parlons pas d'amour, en ce nouvel être. Si chétif, si fragile qu'elle porte dans son ventre. L'inquiétude peint ses traits. L'absence du mari ne fait que l'agrandir. Elle est si jeune, si inexpérimentée. L'ange astral commence à douter. Pourtant, une chose semble certaine. Déjà, son coeur ne peut que ressentir de l'amour envers la vie qui grandit en elle. Un instinct maternel indéniable qui la lie à jamais à cet enfant. L'héritier de son prince des cieux.♕ Mascarade | J'me présente, je m'appelle : Alors, moi c'est Diane, vingt-et-un ans et étudiante en histoire (votre forum est donc parfait, surtout vu le cours sur la Russie que je viens de suivre le semestre dernier). Bref, future professeure d'histoire en devenir, je me perds sur les forums. Je reprends néanmoins d'une longue période de pause. J'espère que je ne suis pas rouillée aha. Comment as-tu connu le forum ? Bazzart, of course. Habitudes de jeu : Tous les jours généralement. Mot de la fin : votre forum, je D'ailleurs je peux pas bouger mon tchin dans mon profil, c'est normal ? |
Dernière édition par Elisaveta Rostova le Mar 28 Mai - 1:40, édité 6 fois |
| | | Polina Leonidova
Inscrit le : 24/04/2019Messages : 669Pseudo : Maud.Portrait : Eve Hewson - myselfAlias : DianaDisponiblité : 0/2 Situation : journaliste clandestineRésidence : Un palais opulent en bordure de villeCercle(s) : Union pour l'égalité des femmes et journal de Saint Petersbourg | Sujet: Re: someone you loved. (elisaveta) Lun 27 Mai - 22:29 | |
| Bienvenue parmi nous Diane, j'espère que tu te plairas Pour ce qui est du profil c'est étrange? Je vais vérifier. En attendant n'hésite pas à nous rejoindre dans le flood! Et bon courage pour ta fiche! EDIT : oui suis-je bête c'est normal pour le tchin! |
| | | Ivan Nazarov
Inscrit le : 05/05/2019Messages : 325Pseudo : AlexPortrait : James Norton (nuit parisienne)Disponiblité : Quotidienne Situation : Garde rapproché du TsarRésidence : -Cercle(s) : La Garde Russe | | | | Invité | Sujet: Re: someone you loved. (elisaveta) Mar 28 Mai - 1:45 | |
| @POLINA LEONIDOVA merci à toi et d'accord pas de problème pour les tchins. je me demandais car quand je me suis inscrite je ne savais pas encore quel personnage jouer et du coup j'ai validé le tchin sans voir et après j'ai pas pu le changer. bref merci de ton accueil en tout cas. @IVAN NAZAROV merci à toi aha. ++ je pose ça là car mon post est trop long sinon. - petit plus:
« Elisaveta, que fais-tu à t’agiter ainsi ? » L’enfant n’écoute pas. Le palpitant s’affole bien trop. Le sang à ses tempes l’empêche d’entendre l’inquiétude dans la voix de sa mère. Ses mains cherchent. Sous son lit. Dans ses tiroirs de bureaux et jusque même dans son armoire. Elle secoua doucement la tête. Elle refusait ça. Alors fébrilement l’enfant cherche. Mais rien de ce qu’elle trouve n’a de valeurs à ses yeux. L’objet tant recherché semble totalement invisible. « Elisaveta ma chérie… » Elle sent doucement la main de sa mère sur son épaule. L’étreinte maternelle a le don de l’apaiser quelques peu. Mais l’angoisse étreint encore son cœur. Alors de ses grands yeux azurs, elle les relève vers la matriarche. « Mère, je ne retrouve plus mon recueil. » Un livre si précieux pour son âme. « Vous savez, celui sur la poésie. Je pensais l’avoir rangé dans ma table de nuit mais il n’y est plus. » Et la douleur transperce sa voix. L’ouvrage était bien plus que des feuilles de papiers assemblés comme semblaient le penser certaines personnes du château. L’étoile avait passé des heures à lire et relire ces lignes si poétiques et si magiques. Il l’avait transposée dans des mondes que jamais elle n’aurait pu atteindre. Celui de l’imagination, celui où tout était possible jusqu’à l’impossible. Mais rien. L’ouvrage sembla l’inconnu au bataillon. Le petit astre soupira. Sa mère regarda alors la chambre de la petite où une comète avait tout retourné complètement. « Peut-être l’as-tu égaré ? Où l’as-tu vu pour la dernière fois ? » Elle ne pouvait décemment pas l’avoir perdue. Cela n’a jamais été son genre. L’étoile était ordonnée et toujours ses affaires lui revenaient. Sauf ce recueil. « Je crois que c’était dans mes bras. Avant que l’on aille… » Soudain ses saphirs s’éclaircirent. L’illumination passa dans la petite tête blonde de l’angelot. Elle comprit. Tout semblait limpide comme l’eau de roche. Mais la réalité semblait bien pire que ce qu’elle avait pu imaginer. Son ouvrage se trouvait à des milliers de kilomètres dans une autre partie du pays. Quelque part, peut-être où personne ne le ramasserait. Quelle idiote avait-elle été d’avoir pu l’oublier. « Je crois qu’il est chez les Rostov, mère. Vous savez quand nous y avons été la semaine dernière. J’ai cru que je l’avais repris… » Elle se souvient à présent. Ce jour-là, elle s’était perdue dans le jardin des Rostov. Alors que le plus jeune des cousins reprenait tous ses gestes pour se moquer d’elle, l’aîné quant à lui riait. Et quand enfin, la petite avait fini de ronchonner, elle avait entendu ses parents partir. Dans la hâte, elle avait oublié son recueil sur le banc. L’horreur se lisait sur ses traits. Et si personne ne l’avait repris. Et si personne n’avait fait attention et qu’à présent, le recueil était sous l’emprise totale du temps, entre la nuit et peut-être même la neige. Qui sait ? « Ce n’est pas grave, ma chérie. Tu en as pleins dans la bibliothèque et si tu veux, nous pourrions l’acheter à nouveau. » La gamine secoua la tête. Ce n’était pas pareil. C’était son exemplaire. A elle. Celui dont elle avait corné les pages à force de le lire. Celui qu’elle avait ouvert et refermé des milliers de fois. Il portait ses empreintes. L’étoile avait toujours eu un rapport particulier aux livres. Presque trop matérielle sans doute. Mais c’était la seule chose à lesquels elle donnait de l’importance. Elle se fichait de ses robes, de ses colliers. Les livres étaient juste tout simplement trop fragiles à ses yeux. « Ce n’est pas pareil… » Finit-elle par dire après avoir fait une petite moue. « Il y avait mon marque-page dedans. » Celui-là même où elle avait décoré des petits lapins blancs dessus. Mais l’ouvrage était loin à présent. Dans le meilleur des cas, dans les mains de quelqu’un et dans le pire des cas, laissé pour compte dans le jardin des Rostov quelque part. L’astre soupira doucement. Il était de toute façon bien trop tard pour agir. Sa mère le lui confirma. « Nous ne pouvons décemment pas revenir là-bas tout de suite. Mais peut-être l’ont-ils gardé et pourrais-tu la prochaine visite leur demander ? » L’espoir se fit de suite dans son cœur. Peut-être. Elle l’espérait vraiment. La poésie de ce recueil lui manquait déjà. Si d’autres trônaient dans la bibliothèque familiale, ils n’avaient pas ce même impact. Ces mêmes mots qui avaient touchés Elisaveta. Doux, puissants à la fois, il avait touché son âme astrale au plus profond. Il était bien vite devenu son ouvrage préféré. Jusqu’à ce qu’elle finisse par le perdre dans le dédale forestier des princes et princesses Rostov. Quelle idiote faisait-elle. « Très bien. Je vais me contenter du roman que j'ai trouvé dans mes étagères. » La résignation de l’enfance. Un choix finalement qui n’en était plus un pour l’angelot brun. Tendrement, sa mère lui sourit. La conversation était clause. L’ouvrage était perdu et l’enfant portait déjà son attention sur autre chose. La chance de la gamine qui bientôt oubliera le précieux recueil. Alors qu’à l’autre bout de la mer, un autre s’enivre déjà des mots, de la poésie jusqu’à en tomber presque amoureux. * * * * Un soupir échappa des lèvres de la jeune fille. Son regard balaya alors la salle. Elle était dénuée de présence. C’était parfait. Doucement l’étoile se glissa par l’ouverture et fit quelques pas, le parquet craquant. Il y avait bien longtemps qu’elle avait voulu se retrouver seule dans cette pièce. Cela lui manquait tellement. Elle posa alors ses quelques feuilles sur le côté d’une table, alors que toute son attention était attirée vers l’objet du centre de la pièce. Elle posa une main sur ce dernier. Un sourire vint se poser sur ses lèvres, quand elle sentit sous son toucher le bois vernis de l’instrument. La sensation était si plaisante. Sans attendre une seconde de plus, l’étoile prit place. A cette heure-ci, elle était presque sûre que beaucoup seraient à l’extérieur pour profiter du soleil plutôt que dans les couloirs, à peut-être l’entendre. C’était parfait. Comme une habitude qu’elle s’appropriait à nouveau, ses doigts prirent place sur les touches. Elle savoura ce moment quelques secondes à peine. Prenant une goulée d’air, ses doigts commencèrent à se mouvoir sur le clavier. Légères et solaires les notes résonnaient dans la pièce comme dans son âme. L’astre rayonnait à travers sa mélodie. Le piano avait toujours été son objet de prédilection, comme une projection d’elle-même si poétique et lyrique. Elle aimait ces moments où simplement la musique emplissait la pièce. Elle se laissait pénétrer par elle toute entière. Seule la partition imaginaire occupait son esprit, enchaînant alors les accords. Ses doigts étaient plein de grâce et bougeaient avec délice se rappelant avec bonheur les notes suivantes. Pourtant, ces moments étaient si rares à présent. Elisaveta n’avait droit qu’à de petites séances toutes les semaines durant son cours de piano. Il était à présent rare que la famille se réunisse pour l'écouter. Elle ne l'aimait pas l'être de toute façon. Elle avait son petit jardin secret. Un léger soupir à peine perceptible à travers la symphonie franchit ses lèvres. L’étoile était totalement absorbée parce qu’elle faisait. Plus rien ne comptait. Le monde se soustrayait à la beauté de l’art. Sa bulle grandissait à mesure que les notes résonner dans l’air. Néanmoins, un bruit sourd vint rompre. La porte. Elisaveta faillait presque sursauter en l’entendant. Ses mains délicates tombant sur le clavier, les ténèbres s’abattant musicalement sur la pièce. « Excusez-moi je ne voulais pas vous faire peur. » Le jeune homme semblait réellement désolé. Elisaveta ouvrit la bouche avant de la refermer. Se retrouver en face d’un serviteur de son père avait peut-être le don de rendre muette l’astre. Pas qu’elle faisait partie de ces personnes qui méprisaient les domestiques. Loin d’elle, cette idée. Mais la timidité devant les autres, mais sans doute pas de l’homme. Les mots ne lui vinrent pas en mémoire. Ses mains simplement trônant sur les touches elles aussi à présent silencieuses. « Reprenez, c’était vraiment beau. » Son regard était calme. Loin de l’image de ces princes et de leur cour gravitante qu'elle pouvait généralement rencontrer. L’astre finit alors par à nouveau ouvrir la bouche, baissant alors la tête sur ses touches noires et blanches. « C’est une musique que ma mère m'a apprise. Je la jouais souvent avec ma famille. » Elle sait qu’elle devrait relever ses cheveux. Affronté son regard azur. Après tout, il ne devait pas être si différent des autres hommes qu'elle cotôyait. Comme son frère ou encore ses cousins. Peut-être devait-elle lui montrer la jeune femme qu’elle était à présent. Ne plus courber l’échine, faire un bras à sa timidité parfois bien trop handicapante. Un gros doigt d’honneur bien placé lui avait recommandé son ami Andreï lorsque lui conseillait d’arrêter de baisser la tête à chaque fois qu’elle se sentait exister. Elle devait arrêter de vouloir disparaître. De devenir simplement une étoile parmi les autres étoiles. A peine plus brillante, à peine plus attirante. Son attitude devait refléter son je-m’en-foutisme. Il le lui avait clamé haut et fort. Mais Elisaveta, douce Elisaveta n’était pas de ce bord-là. Si fragile et cassante. Les rôles s'inversent. La maîtresse plie sous le serviteur. Néanmoins, elle finit par relever ses saphirs. Affrontant le regard du jeune homme. « Elle me rappelle des bons moments à Saint Pétersbourg je suppose. » Les mots coulaient bien plus vite que son esprit ne s’y accommodaient. C’était si simple de parler de chez elle. Tous les souvenirs heureux qu’elle garde en mémoire quand parfois, l'atmosphère était bien trop pesante ici. Malgré le voyage dans la maison de campagne de sa famille, le climat familial semblait diverger selon les périodes. Tantôt à cause de sa soeur, tantôt à cause des disputes de ses parents. Malgré la présence de son frère, si rassurante et protectrice. Histoire compliquée de famille. « Loin de cette maison de campagne et des rustres campagnards qui s’y trouvent c’est ça ? » Les joues de l’étoile prirent une couleur rosie. « Non ! Tu… » Tenta-t-elle de se défendre, la voix montant bien trop dans les aigus. Elle posa une main sur sa joue, réfléchissant tandis que son myocarde commençait doucement à s’accélérer à mesure que le prince s’approchait d’elle. « Enfin je veux dire, vous. Ce n’est pas ça. Être loin de chez moi, de Saint Pétersbourg je veux dire, est parfois compliqué. Les paysages me manquent. Aussi étrange que cela puisse paraître, le climat est si différent ici. Les gens sont si différents aussi… » Elle ne saurait l’expliquer mais tout avait une autre saveur ici. Une de celles qui reste avec un goût amer en bouche. Mais elle ne s’en plaignait pas. Elle savait la chance qu’elle avait dans son statut, dans toute sa vie. Elle n’avait pas droit à se plaindre. Mais parfois la nostalgie prenait bien trop de place dans le cœur de la sylphide, cherchant le bonheur passé familial. « Désolée. J’ai tendance à parfois trop parler quand ça touche Saint Pétersbourg, ma ville natale. » Elle haussa doucement les épaules alors qu'il s’accoudait doucement au piano, presque pensif. « Mal du pays, peut-être. On connait tous, ça. Enfin peut-être pas pour les rustres domestiques que nous sommes évidemment. » Le ton n’était pas moqueur à proprement parler mais simplement taquin. Sans réellement réfléchir, Elisaveta donna un léger coup dans le bras de son homologue. « Eh ! » Le serviteur ne releva pas, préférant alors rire. L’étoile choisit elle d’arborer une petite moue boudeuse. Peut-être que l’habitude de n'être simplement que des enfants revenaient à la charge, oubliant alors leur propre statut et étiquette. Néanmoins, il finit par tendre la main à la jeune fille. « Vassili, Vassili Andropov. » Elle pencha un instant la tête sur le côté, presque pensive. « Je sais. » Il afficha une moue surprise. Elle haussa à nouveau les épaules. Etre au service de son père aidait à se souvenir de son prénom. Toute la famille avait l'habitude de les appeler par leur prénom. L'étoile avait du entendre son patronyme au détour d'une conversation. « Vous servez mon père. Mais, je suis Elisaveta. » Sa main frêle vint alors finalement se planter dans celle du blond, un léger sourire aux lèvres. Tentant d’ignorer son propre palpitant qui finirait bientôt par sortir de sa propre poitrine à chacun des regards du serviteur. * * * * Le vent soulève de temps en temps les pans de sa robe. Elle n’y fait même plus attention. Son regard est tourné vers l'horizon. Elle est un peu comme tous ces tableaux de contemplation. Une fille sur la balustrade d'un balcon à regarder devant elle. Non, les étoiles. Ces magnifiques astres si loin et pourtant si proches. Ce n’est pas le futur qu’elle contemple. Il est bien trop loin pour elle. Inaccessible. Elle a déjà bien trop affaire avec son présent. Elle se dépatouille comme elle peut. Tout va bien. Respire un peu. Gonfle tes poumons de l'air du soir. Respire la poussière des étoiles. Ça devient dur. Plus ça avance. Plus ça bloque dans son esprit. Elle ne dit rien. Elle laisse les étoiles parler à sa place. Elle n’a jamais rien elle, Elisaveta. Elle préfère observer. Mais c'est sans doute ça qui est le plus dur. Juste regarder. Elle ne savait depuis combien de temps les heures s’étaient écoulés depuis son arrivée ici. Peut-être une. Peut-être deux. Qui sait réellement ? Le temps était finalement presque suspendu devant ses yeux. Elle avait juste eu besoin de quelque chose. D’air sans doute. Alors, elle avait pris simplement les pans de sa robe et s’étais enfuie. Juste comme ça. Un besoin d'air. De liberté. Elle étouffait là-haut. Ou plutôt en bas. Elle est mieux ici. Contemplant l'immensité du monde et ses merveilles nocturnes. Elle n’aimait que trop cet endroit, où elle pouvait se perdre sans trop être dérangée. Son échappatoire. Elle avait même pris le temps d'envoyer balader ses chaussures par terre. Un peu plus loin. Elles lui enserraient trop la cheville. La sensation de sa peau à même le sol était presque plaisante. La rugosité du sol glisse sous sa peau. Elle est tellement ailleurs qu’elle ne l'entend pas venir. Ses pas à peine esquissés. Elle s’occupe plutôt à jouer avec les pans de sa robe. « Je savais que tu serais là. » Elle tourne la tête. Un faible sourire se dessine sur ses lèvres. Evidemment que c'est lui. Tendre Vassili. « Tu finis par me connaître. » Elle dit simplement. C'est vrai. Il la connaissait aussi bien qu’elle le connaissait. Peut-être même la connaissait-il plus qu’elle-même ne se connaissait. Une sensation étrange. Elle finit par tendre une main vers lui. Il la prend. Elle enroule automatiquement ses yeux autour des siens. Elle avait besoin de sentir sa peau contre la sienne. De sentir sa chaleur. Sans doute qu'il le comprit aussitôt. Parce que bientôt des bras vinrent s'enrouler autour d’elle. Doucement. Tendrement. Comme un étau protecteur. Comme une étreinte contre l'éternité. Elle s’y laisse un peu aller, l’étoile. Elle aurait voulu que le temps s'arrête. Juste ce soir-ci. Qu’ils soient ensemble pour l'éternité. Rien que tous les deux. C'est sans doute ça qui lui faisait si peur au final. L'après. Le futur. Il semble si incertain. Si flou. Elle a toujours essayé de le décortiquer. De l'analyser sous toutes ses coutures. Mais ce soir elle ne voit rien. Elle est aveugle de l'avenir. Et ça la rend presque folle. Parce qu’elle aurait aimé y voir quelque chose. Vraiment. Les belles promesses ne valaient rien contre l'emprise du temps. Elle le savait. Il le savait aussi. Elle finit par laisser tomber. Elle préfère se complaire dans son étreinte. Encore un peu. Sa tête repose contre son torse. Ils se bercent presque au son du vent. « Tu crois qu'on oubliera ? Tout ça. » Il sait de quoi elle parlait. Sa peur de l'avenir, elle ne date pas d'hier. Il doit peut être l'avoir aussi cette paralysie. Comme une ombre au-dessus d'eux. Une épée de Damoclès prête à tomber à n'importe quel moment. Elle la sent cette lame contre la peau fragile de son cou. Elle pourrait l'égorger maintenant et tout de suite. Mais elle ne fait que la maintenir sous son joug. Un étranglement à longue durée. « Impossible. C'est gravé là. » Il pointa alors la tête brune de l’ange. Il avait raison. Ces moments elle les graverait ici et à jamais. Même après des années; elle saurait qu'ils seront là. Elle saura que même si ses bras seront dans d'autres, elle aura encore la sensation de sa peau contre la sienne. Dans sa mémoire. Après tout ils le savaient tous les deux. Cela ne va pas durer. Pas comme ils l’auraient voulu. C'est un homme du peuple. Tout est dans son nom. Roméo pourquoi es-tu Roméo ? Renie ton père et abdique ton nom; ou, si tu ne le veux pas, jure de m'aimer, et je ne serai plus une Capulet. Ton nom est mon ennemi. Tu n'es pas un Montague, tu es toi-même. Qu'est-ce qu'un Montague ? Ce n'est ni une main, ni un pied, ni un bras, si un visage, ni rien qui fasse partie d'un homme... Oh ! Sois quelque autre nom! Qu'y a-t-il dans un nom ? Ce que nous appelons une rose embaumerait autant sous un autre nom. Ainsi, quand Roméo ne s'appellerait plus Roméo, il conserverait encore les chères perfections qu'il possède... Roméo, renonce à ton nom; et, à la place de ce nom qui ne fait pas partie de toi, prends-moi tout entière. Un nom qui impliquait des devoirs. Des valeurs. Celles des gens du peuple. Celles-là même qui les sépareraient sans doute pour toujours. C’est ce qui était en train d’arriver. Il devait partir. Formation militaire. Fatalité. Loin d’elle, loin de tout ce qu’ils avaient pu connaître. En fait. Ils étaient une mauvaise tragédie. De celles qui soulèvent le cœur. De celles qui font presque vomir. Pourtant elle ne dit rien. Elle acceptait son rôle. Celle de la pauvre Juliette. Elle ne pouvait pas lutter. Sa frêle âme n’était pas assez forte, ses devoirs l’écrasaient bien trop. Et lui non plus. Même s’ils n’en parlaient pas. Ils savaient que ça resterait comme ça. Les choses étaient ce qu’elles étaient. Même une étoile ne peut briller constamment, elle finit par mourir indéniablement. Elle finit par soupirer. Elle aimerait juste qu’ils ne finissent pas comme ce Roméo et cette Juliette. Sacrifiés sur l’autel. * * * * Ses ongles continuèrent à taper contre le marbre de la table, comme une funeste litanie résonnant dans la pièce. « Elisaveta, arrête. Tu vas finir par nous rendre chèvre. » Les paroles de Mikhail sortent la jeune femme de sa torpeur. Il avait raison. Pourtant, c’était bien plus fort qu’elle. L’attente était interminable. Son cœur allait finir par exploser dans sa poitrine. Plus le moment approchait, plus elle se sentait défaillir. Bientôt, son univers ne serait plus le même. L’étoile quitterait sa galaxie pour une autre. On la disait plus brillante, plus majestueuse. Elle, elle ne ressentait que le manque de celle de sa naissance. Cela semblait si loin à présent. Une éternité. « Désolée. Je suis simplement nerveuse. » Sa main retomba alors inerte sur la table. Pourtant, elle sentait son corps trembler. De simples spasmes qu’elle avait peine à maîtriser. Son esprit était bien trop préoccupé. L’étoile appréhendait le moment. Il fallait qu’elle s’occupe, qu’elle oublie le temps de quelques instants encore. Peut-être le temps s’arrêterait finalement. Il suspendrait son vol, l’empêchant de voir sa vie s’écrouler. Doucement, elle sentit alors une main contre la sienne. « Ça va aller. » Sa voix avait toujours ce don. Celui si particulier d’apaisement, de douceur. Ce qui contrastait assez avec la carrure du gaillard qu’il était. La main de velours dans le gant de fer. Elisaveta aimait assez cette expression pour son frère. « Respire un peu. » Elle prit une inspiration. Pourtant cette dernière bouffée se coince dans sa gorge. Elle étouffe. Depuis combien de temps était-il parti ? Peut-être quelques minutes à peine. Pourtant, une éternité semblait s’être écoulée depuis. S’il pouvait, son cœur sauterait de sa poitrine pour atterrir sur le sol froid mais immaculé du palais. Son regard finit par se perdre dans le vide. Seule la contemplation restait la meilleure des solutions. Elle se perdait bien vite dans les méandres de son esprit, devenant la parfaite statue de glace que les autres attendaient d’elle. L’ornement. La belle plante que l’on finit par montrer pour sa beauté et non pour ses qualités. Un rôle qui lui était prédestiné depuis des mois. Sa famille, ou du moins ses parents, avait veillé à cela. Elisaveta n’était plus la jeune fille qu’elle avait été. Insouciante, riante et lunaire. Elle devait se métamorphoser. Muer en une autre créature bien trop inconnue et de ce fait effrayante. Son cœur tambourinait encore d’effroi. L’avenir inconnu la paralysait, l’enveloppait dans un univers glacial. Où était donc sa chère demeure ? Ou était donc passé les couloirs si chaleureux de son enfance ou encore sa chambre rosée et ses carnets à griffonner ? Ils étaient restés chez elle. Laissés à des millions de kilomètres, cela lui paraissait ainsi, où la gamine était devenue à présent une étrangère. Inconnue à elle-même, l’étoile voyait son éclat faiblir. Ou bien se transformer. Presque distraite, sa main attrapa l’étoffe de sa robe. Rugueux et lourd, elle n’avait pas l’habitude de ces accoutrements. Néanmoins, on l’avait au moins laissé choisir sa couleur. Blanche. Comme ses fleurs préférés, les lys blancs. Mais c’est à peine si elle pouvait respirer. Sa taille était enserrée dans son corsage. Elle qui avait l’habitude des volants et des mousselines, son corps ne se trouvait pas à sa place. Elle n’était à présent qu’une poupée qu’on maniait à sa convenance, la maniant pour la faire rentrer dans des moules. Mais l’étoile étouffe dans ces habitacles. Elle sent ses entrailles se contracter, son cœur se frigorifier. Elle lutte contre tout ça. En vain. Elle n’avait pas le choix. Alors, elle essaye de respirer. De faire entrer cette bouffée d’air frais dont elle a besoin. Mais même l’oxygène semble n’avoir plus la même senteur pour la princesse sylphide. Néanmoins, un bruit à l’autre bout de la pièce vint la tirer de ses pensées. En effet, la porte de l’appartement où on l’avait précédemment installée à son arrivée venait de s’ouvrir. Un jeune homme se présenta à eux. Un serviteur à peine plus âgé qu’elle. Un autre enserré dans sa fonction, pliant sous le poids des responsabilités. « Le prince vous prie de l’excuser, mais il ne peut vous recevoir maintenant. » Etait-ce une plaisanterie ? Le palpitant s’arrête dans sa poitrine. Elisaveta ouvre la bouche une seconde. Peut-être deux. Avant de finalement la refermer. Elle avait attendu en vain. Voilà à présent, sa vie. Arrivée dans une maison qu’elle connaissait à peine, fiancée à un fantôme qui refusait jusqu’à sa présence même ? Quel chemin avait-elle donc pris. Instinctivement, elle baissa la tête, ses cheveux argentés tombant presque sur son visage. Le serviteur parut gêné, ne sachant que dire. Prise soudainement d’une témérité nouvelle, Elisaveta se leva, sa robe formant une auréole autour d’elle. « Très bien. Dites alors au prince, lorsqu'il voudra me recevoir, que je serais dehors. Il faut… Il faut simplement que j’aille au jardin. » Ce furent simplement ses mots. Néanmoins, elle commença à faire quelques pas vers l’extérieur de la pièce, ne pouvant rester une seconde de plus dans ce palais. « Ma’am... Vous ne pouvez … » Elle ignora alors les plaintes de l’homme. Peut-être avait-il reçu d’autres ordres. Comme surveiller l’étoile. Comme s’assurer que l’astre ne quitte jamais sa cage dorée. Mais ce n’était plus vivable pour elle. Si le prince n’avait de temps pour elle, elle pouvait au moins quitter ses propres appartements pour respirer enfin. Elle avait besoin d’air. Littéralement. Il fallait qu’elle sorte. Tout l’encerclait. L’emprisonnait. Ce fut la goutte qui finit déborder l’océan. La minuscule brise qui aida la tornade à s’abattre. Les couloirs se succédant, elle en eut presque la tête qui tourne. Elle ignora encore les paroles lointaines du pauvre serviteur. Tout ce qu’elle recherchait n’était qu’une fenêtre, quelque chose qui l’empêcherait de totalement agoniser. Elle se souvenait d’un chemin vers le jardin. Elle l’avait maintes et maintes fois emprunté dans son enfance lors de ses rares visites chez les Rostov. Pourtant, sa mémoire devait lui faire défaut. Et l’étoile bientôt se perdit. Ses pas ralentirent d’eux-mêmes. Elle regarda aux alentours, faisant voleter autour d’elle ses cheveux lunaires à peine tressés. Tout lui rappelait son enfance, mais d’un autre côté, l’exubérance contrastait tellement avec la douceur de ses souvenirs. La rusticité de chez elle lui manquait déjà. Où étaient donc les murs froids de pierre et les pavés rugueux de son palais natal ? Ici, les tableaux ancestraux semblaient rivaliser avec les tentures dorées et les ornements bien que trop nombreux sur les meubles immaculés. Si elle le voulait, Elisaveta aurait presque pu voir son reflet se réfléchir sur le sol. Elle ne savait même plus où elle se trouvait. Elle avait tellement tourné dans ce lieu, parfois laissant les serviteurs du palais stupéfaits, qu’elle en avait perdu son orientation. Elle finit par poser ses mains sur ses hanches, prenant une grande inspiration et fermant les yeux. L’étoile commençait seulement à laisser aller. Parce qu’il ne restait plus que ça à faire. Suivre le mouvement sans émettre un son, devenir cette poupée parfaitement docile que l’on attendait d’elle. Elisaveta n’était pas naïve. Elle savait à présent qu’elle devrait laisser une partie d’elle-même chez elle. L’étiquette et le palais l’écraseraient bien trop, assez vite. Si elle avait pu, elle aurait hurlé. Expulser ce trop-plein qu’elle gardait à présent depuis des mois. Pourtant, sa gorge était bien trop sèche. Rien ne pouvait sortir. Son corps ne répondait déjà plus à ses propres sentiments. Il se conditionnait déjà à ce qu’elle serait. A cet astre si droit, presque blanchâtre, et si silencieux qu’aucune tempête ne pourrait ébranler. La princesse du prince des cieux. L’épouse parfaite qu’on attendait. Cette pâle copie d’elle-même en somme. Le prince ne pouvait la recevoir. Ou peut-être ne voulait-il pas la recevoir. C’est ainsi que serait sa vie à présent. Loin des siens, dans un univers où elle peine à faire sa place, à respirer même. Ses mains s’agrippèrent au propre tissu de sa robe. L’enfer semblait être tombé sur terre. Les quelques serviteurs qui passaient par là la regardèrent, de ce regard de pitié et si soucieux à la fois. Peut-être était-ce eux les chanceux ? Peut-être ne comprenaient-ils pas comment un beau château pouvait se révéler être une véritable cage dorée ? L’étoile les ignorait. Pas d’animosité. Simplement voulait-elle faire abstraction du monde qui l’entourait. Juste pour quelques minutes encore. Ils semblèrent le comprendre car très vite, ils l’abandonnèrent pour leurs tâches quotidiennes. Un soupir franchit ses lèvres quand enfin, l’air commença à entrer à nouveau. Sa poitrine se soulevait, moins douloureuse. Fébrile, elle remit une de ses mèches derrière son oreille. C’est à ce moment-là qu’elle l’entendit. Ce long et doux cri d’agonie. Des pleurs déchirants. Ceux d’un homme à l’agonie. Juste là, à travers la porte devant laquelle elle se tenait. Son cœur rata presque un battement. Hésitante, elle ne devrait peut-être pas. Pourtant, l’instinct stellaire la pousse. C’est presque sans bruit qu’elle cliche la poignée dorée. Elle aurait peut-être du écouter le serviteur et ne pas bouger de ses appartements. Peut-être aurait-elle du écouter les conseils de ses parents et ne pas contredire ce qu’on pourrait lui dire chez les Rostov. Mais Elisaveta n’était pas comme ça, l’astre lunaire avait cette innocence des enfants. Celle si pure qui pousse à aller trop loin. Les lèvres pincées, la porte s’ouvrit devant elle. La pièce qu’elle découvrit semblait si sombre malgré le foyer qu’elle voyait brûler dans la cheminée. Elle ne le vit pas aux premiers abords. Le salon était à l’image des autres pièces et couloirs : luxueux et presque trop froids. Mais, les sanglots ne se tarissaient pas et le cœur de l’étoile se fendit un peu plus. Elisaveta avait toujours eu cette empathie. Cette souffrance des autres qu’elle ne supportait pas. Elle fit quelques pas. C’est là qu’elle vit cette forme au sol. Diminuée et fragile. Si chétive. Le prince des cieux n’était plus. Que faire ? Reculer et donner l’intimité qu’elle devait respecter à cause de quelques étiquettes? Ou devait-elle écouter ce cœur meurtri pour se précipiter et l’aider ? Il ne fallut que quelques secondes à la jeune femme pour prendre sa décision. Peut-être l’avait-elle déjà prise quand elle ouvrit la porte ? C’était fort possible. Alors, avec sa grâce naturelle, ses pas silencieux l’amenèrent vers la silhouette de l’homme qu’elle devrait épouser. Doucement, elle s’accroupit et posa une main sur son épaule. Elisaveta sentit un tressautement de la part de l’homme. A peine perceptible. Son prince des cieux. L’homme qu’elle allait épouser malgré elle. Pourtant, la silhouette qu’elle finit par tendrement amener vers elle pour l’enlacer et tentait d’éponger sa peine, n’était plus un homme. Il était bien loin de l’image qu’elle s’était forgée depuis quelques mois. Ses lecteurs l’avaient galvanisée de clichés de bravoure et de puissance. Mais ne restait-il que l’enfant malheureux, l’orphelin de père, qu’elle berçait dans ses bras. « Chut… je suis là, je suis là. » Et la gamine devient la mère. Le temps d’un instant, elle berce son prince des cieux comme son enfant. Elle veut panser ses plaies et alléger la croix qu’il porte sur ses épaules, bien trop lourde, bien trop écrasante. « Tout va bien se passer, je vous le promets. » Et les mots se déversent comme de la pluie. Ils lui viennent par gouttes. Son ton est doux, maternel. Tout est si différent. Bien loin de l’idée qu’elle s’était faire pendant des mois. Le roc commençait à s’effriter dans son esprit. Pire encore, il tombait en lambeaux à ses pieds. Elle était impuissante face à cette pluie de météorites si violente. Elle tentait de le protéger contre ça, d’être la douceur qui apaiserait son cœur. Elle prendrait ce rôle si elle pouvait. A cet instant, seul l’enfant pleurant dans ses bras avait de l’importance. Au final, les deux constellations avaient fini par collisionner. Les différences n’étaient qu’illusoires. L’homme si fort révélait les mêmes blessures, les mêmes fragilités que l’étoile. Le silence n’était pas gênant. Mais presque réparateur. Elisaveta porta son regard vers le ciel. Le tableau au-dessus du foyer les observait. Les figures éternelles les couvaient du regard, témoins d’un passé révolu. Ils étaient le point d’ancrage de la souffrance, la preuve de souvenirs qui à présent font mal. La chute d’un père et l’explosion d’une famille. Et voilà le fils qui ploie sous le poids de tout ça. Seule, l’étoile est là, ne bougeant presque pas et lui procurant des mots doux à l’oreille. Peut-être pas ceux appropriés d’une future fiancée, à peine plus connue qu’une étrangère. Mais plutôt ceux d’une future femme aimante et maternelle. Contre son cœur, le prince des cieux se laissait aller. Elisaveta sentit le tissu blanc de sa robe se tacher de larmes. Qu’importe. Car bientôt, les larmes s’apaisent et l’agonie semble moins douloureuse à porter. Peut-être parce que l’étoile n’a pas supporté tout ça et décida d’en prendre un peu. Les futurs époux deviennent silencieusement indispensables l’un à l’autre. Tel un tableau de Julianna Pasadena, la sylphide réconforte son presque amant. « Je suis sincèrement désolée pour votre père. » Elle l’était. Les mots coulaient presque de source à présent. Peut-être allait-elle trop loin. Peut-être n’avait-elle pas acquis ce droit finalement. Il l’arrêterait surement bien avant qu’elle n’ait franchi les limites. « Mais il n’aurait pas souhaité, vous voir ainsi. Il aurait souhaité vous voir l’homme qu’il avait éduqué. Il vous aimait et voudrait que vous soyez fort. Aussi fort qu’un roc contre la douleur. Pour vous. Pour votre famille. » Pourtant à ses mots, elle sentit dans son étreinte, les muscles du prince des cieux se détendre doucement. Alors qu'elle même rejoignait sa peine, sentant sur ses joues des larmes silencieuses. A quelques mètres seulement d’eux, trône un recueil sur une petite table en marbre. Celui-là même qui des années auparavant fut oublié par un angelot brun. Celui-là même qu’un autre au sourire des cieux reprit et finit par en connaître chaque mot, chaque poésie. Les liant déjà presque malgré eux. * * * * L’étoile ne sait pas tellement comment c'est arrivé. Oh que non. C'est juste ... Arrivé. Sans doute la situation. Une soirée de trop à le veiller. L’astre maternel toujours présente. Mais voilà. Sa peau frisonne à chacun de ses frôlements. Elle vibrerait presque. C'est presque irréel. Elle. Lui. C'est comme dans un songe onirique. Une possibilité non envisagée. La sylphide ne l’aurait pas cru. Pas même quand ce soir, elle céda la première à la tentation. Un appel de ses lèvres bien trop fort pour l’enfant des astres. Mais en voyant son regard, elle avait compris. Elle avait déjà vu ce regard. Dans la glace sur son propre visage. Un regard fatigué. Las. Malmené par la vie mais toujours survivant. Elle ne le connaissait que trop bien ce regard. Alors elle a fini par le laisser lui prendre la main. Alors qu’elle s’enfuyait, elle l’a laissé doucement la retourner vers lui pour finir par l’enlacer. Peut-être qu'inconsciemment elle acceptait bien plus. Qui sait ? Elle-même ne savait plus trop. Elle ne réfléchit plus. Elle ne peut pas. Parce qu’elle le voit arriver le moment. Encore un autre. Son regard se pose sur elle. Il est différent. Plus déterminé. Plus... Désireux ? Sans doute. Et c'est là. Ses lèvres capturent les siennes. Sans crier gare. Sans lui demander. Elle ne le repousse pas. Elle n’a déjà pas repoussé sa main sur son bras. Elle la frôlait. Lui procurer des frissons. Mais son baiser... C'est autre chose. Une explosion. Un feu d'artifice. Une supernova dans son propre crâne. Les romans ne mentent pas. Parfois embrasser quelqu'un peut être comparé à la collision de deux comètes. Si belles et si majestueuses étaient-elles. Elle le visualise très bien dans sa tête. Tellement qu’elle s’y abandonne. Elle ferme les yeux. L’étoile finit par perdre pied complètement, baissant sa garde. Elle ne sait à quel moment la situation avait échappé aux deux astres. Sans doute quand elle a posé ses iris sur ses lèvres. Si proches et si tentantes. « "Couchez-vous !" cria l'aide de camp en se jetant à terre. Le prince André, debout, hésitait. La grenade fumante tournait comme une toupie entre lui et l'aide de camp, à la limite de la prairie et du champ, près d'une touffe d'armoise. "Est-ce vraiment la mort ? " se dit le prince André en considérant d'un regard neuf, envieux, l'herbe, l'armoise et le filet de fumée qui s'élevait de la balle noire tourbillonnante. "Je ne veux pas, je ne veux pas mourir, j'aime la vie, j'aime cette herbe, cette terre et l'air..." » Les mots résonnaient presque dans la grande pièce. Elle ne savait depuis combien de temps, elle se tenait assise, l’ouvrage dans les mains. Peu importait. L’étoile suivait avec précision les lignes qui se succédaient. L’histoire défilait presque devant ses yeux, devenant alors véritable peinture. De temps en temps, elle levait les yeux de son livre pour le regarder. Il semblait si calme, si innocent dans ses grands draps. La fièvre n’était pas encore tombée. L’astre stellaire s’évertuait alors à éponger quelques fois le front perlé de son amant. Avant de reprendre doucement sa lecture, la voix emplissant la pièce d’une douceur maternelle. Elle avait même jusqu’à congédier le personnel qui s’occupait de son prince des cieux. Elle était tout à fait capable de veiller sur lui. Elle connaissait son rôle et l’embrasser avec joie. Pourtant, l’inquiétude se peignait sur les traits de l’astre. Le virus qui sévissait en son fiancé avait bien failli l’enlever elle aussi de ce monde. Mais grâce à des suppliques de sa mère, aux nouveaux et anciens dieux, l’étoile s’était relevée bénie des dieux. Plus forte que jamais. Alors, elle savait ô combien ce virus pouvait être mortel. Il fallait qu'il survive. Il fallait qu’il combatte cette maudite fièvre et revienne à elle. C’était ce qu’elle avait vu dans les étoiles. Il n’avait pas le droit de succomber. Ce n’était pas la destinée d’un prince des cieux. Ainsi, les lectures étaient la seule chose qui l’éloignait légèrement de l’inquiétude grandissante pour son fiancé. Les heures passaient sans que cela ne la dérange, assise auprès de son promis. Pourtant, quand sa gorge vint à manquer de salive à force de lire à voix haute, elle entendit un mouvement. Son prince se réveillait. Il semble agité. Peut-être perdu. L’étoile posa son ouvrage sur la table de nuit avant de s’approcher doucement. Elle posa délicatement la serviette mouillée sur son front, tentant à nouveau de faire baisser la chaleur de son corps. Elisaveta sentit néanmoins sa résistance. Si la maladie l’avait bien affaibli, il semblait pris d’une nouvelle vigueur. L’astre tenta de le maintenir dans ses draps. « Non, non, tu dois encore rester au lit. » Son ton était catégorique. Presque un ordre à son prince des cieux. « Ta fièvre n’est pas encore tombée. Il faut que tu te reposes, pour être pleinement guéri. » Elle ne voulait le voir s’écrouler sur le sol à peine avait-il fait deux pas hors du lit. Ce qui était fort probable vu dans l’état de fatigue et de lassitude il avait été ces dernières semaines à cause de la maladie. Elle-même n’avait pas été très fière lorsqu’elle s’était relevée du virus. Un faon qui venait à peine de naître, ses jambes en véritable coton. « Veux-tu que je continue ma lecture ? » Tenta-t-elle pour apaiser son cœur agité. A ces mots, ses azurs croisèrent ses saphirs. Pour qu’il finisse finalement par secouer la tête. Le délire de ces derniers jours semblait s’être dissipé. Elisaveta ne comptait plus les paroles qu’il avait prononcées et qui pourtant n’avaient ni queue ni tête. « Non pas que je n’aime pas t’entendre pendant des heures, je veux me lever. Je vais bien. » Il se voulait convaincant. Pour que la femme-mère cède à cette requête capricieuse. L’étoile, elle hésitait. Le mal semblait encore si présent chez lui. L’erreur ne devait pas être commise. Elle ne dit rien. Pesant le pour et le contre. « Laisse-moi donc me lever enfin. Je ne suis plus malade. » Répéta-t-il. Il la réconfortait. Pour éviter qu’encore l’inquiétude ne creuse ses traits. L’étoile hésite encore un peu. Avant que ses mains qui venaient de tenter de le maintenir dans son lit, finir par se desserrer. L'astre céda. Pourtant, elle fut plus qu'attentive quand son prince voulut poser pieds à terre, l'épiderme enfin sur la pierre froide du palais. Elle n'avait jamais été aussi proche de lui. Peau contre peau, ses iris scrutant le moindre de ses mouvements avant qu'enfin ils ne se relèvent. Rencontrant alors les siens. Si captivant et fascinant à la fois. La chaleur qui émanait de son corps lui montrait qu'elle avait raison. La fièvre n'était pas encore tombée. L’entêtement du prince était peut-être ce qui le tenait debout. Et peut-être le bras de la jeune femme. Elle ne sait combien de temps, elle observa le ciel dans ses yeux. Une seconde. Peut-être dix. Son coeur se contracta de lui-même, jouant mélodie qu'elle ne connaissait pas. Jusqu'à ce qu'enfin, ses lèvres attrapent les siennes. Et le palpitant explosa. Répandant une poussière d'étoile dans sa tête. Mais bientôt, la conscience réapparaît. Elle la tire. Loin de lui et de ses lèvres. Prenant conscience de son propre geste. « Je… Je suis désolée. » Ne sachant gérer comment une situation comme celle-ci, Elisaveta finit par se retourner. Dos à lui, elle essayait de reprendre consistance, les joues rosies. Elle n'était pas faite pour ce genre de choses. Beaucoup trop nouvelles. Elle enfouit alors son visage dans ses mains. « Ne le sois pas. » Et une main vint délicatement se poser sur son bras. L’ingénue a fini par céder à la tentation céleste. Ça la fait presque sourire contre ses lèvres. L’étoile devient alors lumineuse et rayonnante. Dans ses bras, tout semble à présent plus beau. Plus facile peut-être. Un abandon qu’une heure plus tôt, elle n’aurait pas compris. Sans doute l’adrénaline du moment. Sa tête dans les nuages le lui témoignait assez. Mais elle s’en fichait. Ce soir était différent. Ils étaient différents. Elisaveta avait fini par le comprendre. Sans doute l’avait-elle compris la première fois qu’elle l’avait vu. Qui sait ? Ses pensées étaient bien trop embrouillées pour réellement penser. Elle finit par mettre ses mains sur son visage. Elle se laisse aller à cette étreinte. Ce plus lui. André. Prince des cieux. Ou elle. Elisaveta. Ange des étoiles. Mais simplement leurs désirs unis. Leur besoin respectif d'affection. Est-ce réellement de l'amour ? C'est à se demander. Peut-être qu’ils se comblaient simplement. Peut-être que vous recherchez simplement de l'amour à votre manière. Lui, le prince céleste inaccessible, et elle, la fragile sylphide. Un bon titre pour un de ses romans fétiches. Mais tellement cliché. Elle se contente de ça. Alors quoi ? Et demain ? Elle n’y pense pas. C'est trop loin. A des années lumières. Elle vit l'instant présent, l’étoile. Elle ne pense pas à demain et à ses conséquences. Elle savoure simplement. Elle peine à respirer contre ses lèvres. Néanmoins, l’astre n’a pas envie de se détacher. Parce que ça sera sans doute pour toujours. Alors elle s'accroche à sa chemise. Immaculée. Ses mains se baladent. Sur son corps. Dans ses cheveux lunaires. Sa respiration se bloque presque. Son myocarde s'arrête. Quelques secondes. Avant de repartir. Beaucoup trop vite. Elle a l'impression qu'il sort de sa poitrine. Ça lui ferait presque mal de le sentir battre si fort. Mais ça la rend si vivante. Si stellaire. Ses lèvres sont encore contre les siennes. Elles se frôlent. « Je ne sais même pas si… » Mais il ne la laisse pas finir. Ses lèvres capturent à nouveau les siennes. Elle n’est plus elle. Ou du moins elle n’arrive plus à l'être. Sans doute la passion de l'instant. Le désir presque éphémère. C'est là où ils ont dérapé. Qui aurait cru ça d’eux ? Ils ont dérogé à leurs propres rôles. Mais elle s’en fiche. Elle verrait ça demain. Ou jamais. C'est bien aussi jamais. Elle se laisse entraîner. Oui. Parce que ce soir ils vont franchir la barre de l'interdit. Pas si interdite. La promesse de l’anneau sur son doigt est presque apaisante à présent. Le paroxysme de leur relation. Cela aurait pu lui donner le vertige. Elle l’a eu. L’espace de quelques secondes. Mais elle a accueilli ce moment avec assurance. La situation sans doute. Ou c'est peut-être lui. Une chance, peut-être, de se sentir aimée. Comme elle aurait voulu l’être d’un autre. Elle se laisse aller. Juste pour un moment. Et ça lui fait tellement du bien. De ne pas penser. A demain. Aux conséquences. A tout en fait. Elle lâche prise. Elle tombe, la belle étoile. Mais elle s’en fiche. * * * * La jolie Elisaveta tournait sa cuillère dans son thé, presque bien trop pensivement. Son regard témoignait de sa lointaine présence, hantée par ses propres pensées. Elle fait à peine attention aux dames qui lui tiennent compagnie. Ces dernières sont bien plus là par devoir que par réelles envies. Leurs sujets de conversations sont bien trop ennuyeux et soporifiques pour intéresser ne serait-ce qu’un peu l’astre lunaire. Ainsi, écoutant que d’une oreille, une des plus âgées parlaient de ses rhumatismes, Elisaveta part. Loin, si loin. C’est à peine si les tintements de sa cuillère dans sa tasse semblent la réveiller. Un peu plus loin, Mikhail l’observe du coin de l’œil, lisant le journal du jour. Malgré le lien entre-coupé par l'absence entre Elisaveta et lui-même, sa présence était toujours source de joie pour la jeune femme. Sans doute parce qu’il était le seul point d’ancrage qu’elle avait, la seule proue qui l’empêchait de couler dans ce navire royal. L’étoile finit par apporter à ses lèvres le breuvage chaud. C’est à ce moment-là, qu’un des serviteurs a voulu faire son entrée, ouvrant la porte et interrompant les conversations si peu animées des dames de compagnie. Soulagement éphémère. Il s’incline alors devant la nouvelle princesse des airs. « Ma’am, vous venez de recevoir une lettre. » Il lui tend alors le papier sacré. Le myocarde de la jeune femme stellaire manque presque un battement. Voilà des jours qu’elle attendait cette précieuse lettre comme le Messie. L’absence devenait bien trop peu supportable pour l’étoile. Elisaveta alors se saisit du Saint Graal. « Très bien, merci Draco. Vous pouvez disposer. » Le papier dans ses mains, contre sa peau, son cœur se contracta quelques peu. Elle aurait pu prendre n’importe quelle échappatoire plausible pour s’extirper de ces conversations si ennuyeuses des dames de compagnie. Ces dernières venaient l’observer, le silence miraculé peint sur les lèvres. A peine, Elisaveta lut son nom sur l’enveloppe, à peine, elle sut ce qu’elle devait faire. Elle se tourna alors vers ses invitées. « Mes dames, veuillez m’excuser. » Elle attendit à peine qu’elles veuillent bien s’extirper de leurs fauteuils pour lui faire sa révérence pour enfin quitter cette pièce où le temps avait tendance à s’arrêter. Mikhail la suivit alors sur ses pas. Elle ne releva pas. Elle n’avait pas à se cacher de lui. Parfois, il la connaissait bien mieux qu’elle se connaissait elle-même. Ses appartements étaient tout à fait silencieux quand elle y pénétra avant de fermer soigneusement la porte. Elle avait besoin de calme, de sérénité. Elisaveta eut aussi le réflexe d’ouvrir la fenêtre pour qu’un peu l’air frais puisse arriver jusqu’à ses poumons. Elle s’appuya alors contre l’un de ses murs, proche de l’ouverture de l’embrasure. L’étoile tourna encore et encore la lettre dans ses mains, passant même parfois ses doigts sur l’écriture. Pas de doute, la lettre venait bien de lui. Elle semblait respirer un peu. La calligraphie semblait assez sûre et peu tremblante. C’était bon signe. Des jours et des jours à s’inquiéter. Des heures à pouvoir se demander comment tout se passait. Elle tenait à présent la réponse dans ses mains. C’est presque tremblant que l’astre finit par ouvrir le papier. Faisant tout de même attention, il ne manquerait plus qu’elle la déchire. Une brise de vent vint secouer ses cheveux. Ses saphirs se portèrent alors sur les belles lettres reportées sur le papier. Concentrée, elle dévorait chaque mot, chaque syllabe. Chaque phrase était un soulagement perceptible. Il allait bien. Son voyage en France s'était bien passé. Son prince des cieux allait rentrer à la maison. Il lui revenait. Tout irait bien à présent. L’inquiétude enserra un peu moins son cœur même s’il était toujours présente. Elle ne serait tranquille que quand elle pourrait le serrer dans ses bras. Il lui avait tellement manqué ces dernières semaines. Si leur mariage n’était fait que de raison, l’amour n’était de ce fait pas leur pilier. Mais la tendresse qu’elle éprouvait pour son prince, ou encore son respect, était primordiale. Il était après tout le père de son enfant à venir. Celui qui lors d’une nuit, fut son amant si aimant et doux. Et il lui manquait c’était un fait. Peut-être que finalement, l’étoile avait fini par tisser sa constellation dans celle du prince. Défiant les règles et les principes, la sylphide avait fini par ressentir cette tendresse qu’une épouse ressentait à l’égard de son mari. Relisant alors une énième fois les mots du père de son enfant, un léger sourire se dessina sur ses lèvres. Il allait rentrer. Presque instinctivement, elle porta une main à son ventre. L’instinct maternel était présent et l’astre aimait déjà ce petit bout d’eux, qui quelque part est la preuve de leur union. Elisaveta finit par perdre son regard dans le soleil couchant sur le jardin des Valaeris. La journée s’achevait incroyablement bien. La princesse de l’air était presque apaisée. Elle se mit alors à admirer la cour, tranquillement. C’est à ce moment-là qu’elle le vit. Droit dans son uniforme. Les iris fiers et les gestes assurés. Son myocarde rata un battement. Peut-être même deux. Que faisait-il donc ici ? Il faisait surement partie de la garde du château. Son premier réflexe fut de mettre autant de distance qu’elle put de la fenêtre. Il ne faudrait pas qu’en plus, le jeune Vassili l’ait remarquée. Dans sa poitrine, son cœur allait presque sortir. Il battait si fort qu’il lui faisait mal. Tout ceci. Elle pensait cela éteint depuis si longtemps. Après les promesses brisées et les rêves envolés, elle avait cru être passée au-dessus de tout ça. Pourtant la sylphide sentait son organe s’affoler. Pire encore, la douleur semblait presque autant vive que des années après. Elisaveta avait tout tenté pour l’oublier. Tout. Elle avait même fini par confier ses doutes aux étoiles. Mais ces dernières semblèrent lui rappeler que trop bien ses confidences à présent. Elle ferma un instant les yeux. Tout ceci n’était qu’un rêve. Pourtant la réalité la frappa avant même qu’elle n’ouvre à nouveau les yeux. Si violemment, si brutalement. Comme une gifle en plein visage. « Elisaveta, tout va bien ? Tu veux que j’appelle le médecin ? » La préoccupation se lisait dans sa voix. L’étoile finit par ouvrir les yeux. Elisaveta chassa cette idée du dos de sa main. « Non, ça va. C’est juste… C’est rien. » Mikhail fronça les sourcils. Pas tellement convaincu de sa réponse. Rien. Elle tentait de s’en persuader elle-même. Pourtant, même à elle, la réponse paraissait fausse.
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| | | Ira Amalieva
Inscrit le : 22/04/2019Messages : 742Pseudo : Nótt (Mariko)Portrait : Lou de Laâge (dandelion + butter)Disponiblité : Présente (0/4 rps). Situation : Exploratrice au service de Sa Majesté le Tsar, de retour à la cour où l'on s'empresse de la marier, promise au pauvre Iliya Vassilev.Résidence : Le Palais familial dans le Triangle d'or.Cercle(s) : Cour du Tsar, Société Impériale des Sciences. | Sujet: Re: someone you loved. (elisaveta) Mar 28 Mai - 9:18 | |
| Bienvenue ici Diane Je passe en coup de vent ce matin et n'ai pas le temps de lire ta fiche bien fournie (ça m'intrigue ), mais j'ai hâte de la découvrir n'hésite pas à passer discuter dans le flood et les jeux en attendant le rp ! |
| | | Polina Leonidova
Inscrit le : 24/04/2019Messages : 669Pseudo : Maud.Portrait : Eve Hewson - myselfAlias : DianaDisponiblité : 0/2 Situation : journaliste clandestineRésidence : Un palais opulent en bordure de villeCercle(s) : Union pour l'égalité des femmes et journal de Saint Petersbourg | Sujet: Re: someone you loved. (elisaveta) Mar 28 Mai - 11:32 | |
| J'ai TOUT lu C'était très poétique j'ai beaucoup aimé Je valide donc avec plaisir ta fiche Pense à rejoindre un ou des cercles par ici et à poster dans la si tu as besoin Au plaisir de te lire |
| | | Feodora Noskova
Inscrit le : 16/04/2019Messages : 113Pseudo : Léa ~ PatchuleaPortrait : Florence Pugh (chrysalis)Disponiblité : Disponible (1/3 rps en cours) Situation : Servante et dame de compagnie de Mademoiselle Ira Amalieva.Résidence : Quartier des domestiques du palais de la famille Amaliev. Cercle(s) : Récente recrue de l'Union pour l'Egalité des Femmes. | Sujet: Re: someone you loved. (elisaveta) Mar 28 Mai - 13:21 | |
| Bienvenue parmi nous! Je n'ai pas encore pris le temps de lire la totalité de ta fiche, mais tu as l'air d'avoir bien pensé ton personnage, ça fait plaisir à voir! Et Jenna en avatar : excellent choix, elle est si parfaite pour l'époque! En espérant que tu te plaises par ici! |
| | | Contenu sponsorisé | Sujet: Re: someone you loved. (elisaveta) | |
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| | | | someone you loved. (elisaveta) | |
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