((abramov, un brave homme))

Donat Abramov

"tu as les yeux de ta mère"


(crédit BATTERY FOX)

Nom complet ? Donat qui signifie donné, sa mère dit sans arrêt que cet enfant c'est le cadeau de l'homme qu'elle aime (même si elle n'est pas certaine qu'il soit vraiment le père). Cuisses et dentelle, mœurs légères. Elle veut une fille mais elle n'a aucun moyen de le savoir maintenant alors elle le garde quand même, sinon il faudrait qu'elle enfonce des aiguilles entre ses cuisses. L'amoureuse flétrie est peureuse. Elle n'a pas envie de mourir. Le gamin naît, Abramov comme l'homme qu'elle aime si désespérément. Cet enfant n'est pas une fille mais la nouvelle mère sourit quand même. Date, âge et lieu de naissance ? Année 1886, le gamin vient au monde sur le lit dans lequel sa mère s'endort avec des hommes différents tous les soirs. Elle hurle en se tenant le ventre, le sang coule le long de ses cuisses et tâche le matelas. L'histoire d'amour tourne au cauchemar, (donné) la vie fait mal. Aujourd'hui, soit vingt-et-un ans plus tard, quand elle lui reparle parfois de ce moment en n'évoquant que les souvenirs de la douleur, comme si le bonheur de l'avoir ensuite dans ses bras avait été oublié. Alors est-ce vraiment étonnant si finalement, ici il ne s'y sent pas chez lui ? Statut marital ? Les filles qui lèvent leur jupons dans les ruelles sont belles mais elles lui rappelle sa mère alors c'est hors de question. Et les filles qui se couvrent beaucoup, d'habits et de bijoux, elles ne le remarquent pas sûrement parce qu'il est pauvre. Finalement toutes les filles ont un point commun, elles aiment l'argent. Il n'en a pas. Alors il restera célibataire encore longtemps. Occupation ? Quand il a onze ans, sa mère lui montre les beaux blousons sur les beaux hommes. Elle dit qu'ils ont toujours les poches pleines et elle veut qu'il lui ramène ce qu'il y a dedans. Elle dit aussi que c'est un jeu (dangereux) et que s'il se fait attraper, il a perdu. Désormais, c'est un pickpocket aux doigts de fée. Vérifiez vos poches car elles sont peut-être déjà vides. Classe sociale ? Prolétariat, (encore un, c'est toujours un de trop) "du latin proletarius, de proles. Étymologiquement le prolétaire désigne celui qui appartient à la dernière classe sociale de la société." Tchin ? 12. Groupe ? L'immonde printemps qui serre les dents. Avatar ? César Domboy.

♕ Mémento
Bercé dans les bras de cette mère ou l’odeur de sa peau n’est jamais la même, l’enfant pleure souvent parce que les bruits à la maison son effrayants. Toutes les femmes qui l’aiment s’appellent maman mais il n’y en a qu’une à qui l’enfant ressemble vraiment. C’est le bébé du bordel comme elles disent en souriant et pendant longtemps il croit que c’est son prénom. L’enfant ne comprend qu’en grandissant et avant ses onze ans, sa mère lui parle d’un jeu. Celui du « tu peux tout faire si tu ne te fais pas prendre » et tandis qu’elle s’accroupit devant lui, elle dit que les règles sont simples. Qu’il suffit de repérer les beaux manteaux sur les beaux hommes et au milieu d’une foule parce que c’est mieux. L’argent à l’intérieur des poches, il doit lui ramener. Les bijoux à l’intérieur des poches, il doit lui ramener. Et même les papiers d’identité, il doit lui ramener. Mais à une seule condition, et là elle hausse sévèrement le ton pour dire à son fils de ne pas se faire attraper. C’est bien s’il a peur alors elle murmure qu’on coupe les mains et les oreilles des voleurs.

Quand il passe cette porte pour l’énième fois, il a quatorze ans. L’enfant est beaucoup plus grand maintenant. D’ailleurs ce n’est plus un enfant, dit-il tout le temps. Il a les cheveux derrières les oreilles, quelques mèches brunes lui tombent sur la nuque et ses yeux son très bleus, exactement comme ceux de sa mère mais ce n’est pas lui qui le dit, c’est dans la bouche des autres putains qui sont plus avec elle que lui.

Doigts de fée et petits pas, il rôde souvent aux mêmes endroits. Habits sales mais beau sourire, il joue encore et il a toujours ses deux oreilles mais l’année de ses dix-neuf ans un vieil ami de sa mère l’interpelle quand ils sortent tous les deux du bordel. À ce moment-là il lui demande s’il n’a pas envie de devenir quelqu’un, les mots sont simples mais font écho dans la tête du pickpocket qui n’est jamais personne quand on lui demande. Sauf qu’il y a une différence entre vouloir et pouvoir et à vingt-et-un ans, il vole encore avec ses dix doigts et il se convainc que personne ne l’attrapera.

♕ Entrevue
Bonjour, je me présente, Kostya Iakoupov, journaliste aux Nouvelles de Saint-Pétersbourg. Je rédige un article sur le quotidien des habitants de la cité, pouvez-vous m'accorder cette brève entrevue ?
Je vous écoute, dites-moi ?

Tout d'abord, voulez-vous bien me parler un peu de vous ?
Mon prénom c'est Dmitri, mon père est un homme qui ne sourit jamais et ma mère aime la couture, je ne sais pas auquel je ressemble le plus en fait. J'ai vingt-et-un ans et je suis fiancé à une femme que j'aime éperdument depuis un an et je vais l'épouser cette année.
Dit-il en souriant bêtement  pour avoir l'air plus crédible parce qu'il ment. Ce sont les règles du jeu de sa mère, si quelqu'un le cherche un jour, personne ne le retrouve parce que personne ne sait qui il est.

Depuis quand vivez-vous à Saint-Pétersbourg, et que pensez-vous de la ville ?
Depuis toujours ! Je suis né dans une jolie petite maison que mes parents n'ont pas voulu garder très longtemps, ils vivent dans une maison plus grande maintenant et moi, je ne vis plus avec eux et je n'habite plus en ville mais je suis de passage plusieurs fois par semaine pour le travail. Alors vous savez ce que je pense d'ici, que du bien.

Pouvez-vous me raconter une journée ordinaire pour vous, votre quotidien ?
Je me lève à l'aube, vous savez, juste avant que le soleil n'éclaire les rues mais par contre, les oiseaux chantent déjà. Et jusqu'à six heures du soir je travaille pour mon employeur. C'est un type bien qui me laisse quitter le boulot plus tôt parfois. Mes journées se ressemblent toutes, parfois tellement que j'oublie ce que j'ai fait la veille. Comme si je vivais machinalement. Alors le temps passe vite et je ne me rends compte de rien.
Les yeux dans les yeux, il continue de raconter n'importe quoi en espérant que les questions resteront toujours aussi évasives.

Avez-vous beaucoup d'amis à Saint-Pétersbourg ? Des personnes qui vous sont hostiles, peut-être ?
Mes amis sont les types avec qui je bosse, voir quelqu'un tous les jours pendant des heures, ça rapproche. Mais ici, en ville, j'ai tissé peu de lien. Par contre, il suffit de sourire. Les gens sont aimables s'ils nous voient sourire.
Et d'ailleurs en disant ça, il sourit.

Pratiquez-vous des activités, avez-vous des loisirs ?
De vous à moi, le meilleur loisir c'est les moments sur l'oreiller avec ma fiancée. Avec tout le boulot que j'ai, je n'ai pas tellement le temps de faire tout un tas de choses, même si j'aimerais. Tout mon temps libre, il est avec la femme que j'aime, et nous restons chez nous. J'aime la regarder cuisiner, l'écouter chanter, je suppose que cela s'apparente davantage à des petits moments que j'aime plutôt qu'à des loisirs.

Parlons politique désormais. Quel est votre avis sur la situation actuelle du pays ?
Je me sens chanceux et je suppose que ce n'est pas donné a tout le monde de pouvoir le dire, simplement le dire. Je me contente de ce que j'ai, j'en demande jamais trop et je fais fonctionner le système en participant à la vie active. Quand j'étais petit, mon père n'avait que ce mot-là à la bouche, "politique" et aujourd'hui je dirais que je vis sans m'en soucier. Peut-être que je ne veux plus l'entendre mais je pense que tout est comme ça devrait être.
Il voudrait avaler sa salive mais il appréhende le goût amer au fond de sa gorge, il y a des mensonges plus gros que d'autres.

Enfin, diriez-vous que vous êtes heureux/se, aujourd'hui, à Saint-Pétersbourg ?
Je pense que je ne suis pas malheureux en tout cas. Je suis désolé mais, je dois y aller maintenant ! Je vous souhaite quand même une très bonne journée.

♕ Mascarade

J'me présente, je m'appelle : mL, mad. Comment as-tu connu le forum ? Bazzart. Habitudes de jeu : 400 à 1000+ mots, 6j/7. Mot de la fin :

Ivan Nazarov a écrit:

Bienvenue le pickpocket, fais gaffe Ivan il coupe les mains baladeuses

Polina Leonidova a écrit:

Ivan Nazarov a écrit:

Bienvenue le pickpocket, fais gaffe Ivan il coupe les mains baladeuses  

C'est nouveau ça
J'en prends bonne note