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 A bout de souffle. [Ivan]

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Polina Leonidova
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MessageSujet: A bout de souffle. [Ivan]   A bout de souffle. [Ivan] EmptyMer 29 Mai - 23:35

A bout de souffle.



If you touch me like this
And when you hold me like that
It was gone with the wind but it's all coming back to me
When you see me like this
And when I see you like that
Then we see what we want to see all coming back to me
The flesh and the fantasies all coming back to me
I can barely recall but it's all coming back to me now



L’air s’est enveloppé d’une douce torpeur, alors que deux dizaines de valets de pieds s’affairent à ranimer les milles bougies qui animent le plafond d’une douceur de minuit. Plus bas, on étouffe. Les éventails des femmes ne dansant pas s’agitent, éloignant vainement la moiteur des danseurs se répandant comme une traînée de poudre. Les violons s’empressent toujours, à cette heure-ci, avec vigueur. Très peu de couples ont délibérément snobé la piste de danse, il ne reste plus que des jeunes filles esseulées de bras masculins, entourées de parents fatigués, tiraillés entre l’idée d’un bon lit réchauffé par les braises d’un feu de cheminée ou l’espoir de se débarrasser de leurs filles une bonne fois pour toutes en les envoyant dans des mariages arrangés.

Depuis l’annonce de ses nouvelles fiançailles quelques jours plus tôt, Polina n’a dansé avec aucun autre homme que celui qui lui est désormais destiné. Ils n’ont partagé qu’une seule danse depuis leur arrivée en début de soirée, et cela lui est bien égal. La danse lui laisse un goût amer sur la langue, l’insouciance s’étant à jamais perdue quelque part dans l’océan Pacifique. Que son carnet de bal reste vide la laisse totalement de marbre. Une statue à jamais figée dans le passé. Wolfram pose sur elle des yeux compatissants. Polina était peut-être trop injuste avec lui, lui donner une chance n’allait pas anéantir le souffle qui soulevait chaque seconde sa poitrine trop serrée dans son corset. La jeune femme darde son attention fataliste sur la foule sans même la voir. Jusqu’à ce qu’une paire d’iris d’acier familier la stoppe dans son exploration. Des yeux terriblement sérieux qui lui donnent le vertige. Polina est happée pendant une seconde et ose à peine refermer ses paupières. Il allait disparaître. L’obscurité prend possession de son champ de vision l’espace d’une micro-seconde, alors que son coeur se remet à battre. A-t-il cessé de vivre pendant un instant? C’est totalement impossible. “Ivan Igorevitch…” murmure-t-elle sans s’en rendre compte. Les yeux s’animent à nouveau mais ce n’était qu’une illusion. Pas d’Ivan Igorevitch à l’endroit même où elle avait juré reconnaître son ancien fiancé. Prise de panique, son souffle se fait plus court. Wolfram s’agite, tente de regarder dans la même direction mais il n’y a plus rien à voir. Polina secoue la tête. La fatigue, la faim, les lueurs des lampes à gaz et des bougies auront fini de l’achever avant qu’elle ne puisse rentrer chez elle. “Tout va bien, Polina?” Elle a envie de soupirer, de crier un bon coup mais les corsets sont des carcans bien conçus, une arme de destruction massive de toute pensée rebelle. Alors c’est un sourire qui anime son visage. Un sourire quelque peu hypocrite, certes, mais Polina maîtrise l’art du déguisement comme personne, non?

Un laquet propose respectueusement une coupe de champagne et Polina s’en saisit sans réfléchir. Elle croit croiser une nouvelle fois Ivan dans la foule. Son regard fuit avant d’être prise une nouvelle fois de panique. Mais l’hallucination se renouvelle à l’autre bout de la pièce. Cette fois, toute sanité a décidé de s’évaporer totalement de son esprit. La main de Wolfram vient s’échouer sur son épaule, comme un soutien invisible, une perche qu’on tend sans trop savoir pourquoi. Polina tourne son visage vers son fiancé. “Je sais que c’est terriblement inconvenant pour moi de vous le proposer, mais pourriez-vous m’emmener danser s’il vous plaît?” Il acquiesce en présentant son bras à sa fiancée, et cette dernière l’attrape, le pas mal assuré. Elle se sent de moins en moins bien dans cette salle de bal confinée où l’air commence à manquer. Wolfram pose sa main sur ses reins pendant qu’elle pose la sienne sur son épaule. Elle n’arrive pas à soutenir son regard. Il la fait tournoyer, l’emmène vers le milieu de la piste. Son coeur vacille, le spectre d’Ivan la fixe encore, caché dans la foule. La danse n’est pas encore terminée mais Polina se sent défaillir. Il fait décidément trop chaud. Au diable la bienséance. Les pas de danse stoppe net, Wolfram l’interroge silencieusement. "Désolée…” arrive-t-elle à peine à articuler alors qu’elle se libère de son emprise et s’enfuit vers un endroit à l’air plus pur. Elle est certainement souffrante. La fièvre s’empare sinueusement de ses veines et lui fait croire à des hallucinations. Polina se terre dans la bibliothèque. Si seulement elle pouvait se libérer de ce corset immonde. Il lui faut quelques minutes. Les battements commencent à retrouver une mélodie convenable. Elle se lève alors, avance vers la sortie en défroissant en vain sa robe de bal. Elle relève la tête. Comment peut-elle imaginer tout cela? Comment peut-elle encore voir Ivan posté dans l’embrasure de la porte, le masque sérieux et tragique qu’il arbore comme pour dissimuler sa véritable nature? Et voilà que ça reprend. Le pouls qui toque très fort, l’air qui manque. “Comment…” Les mots ne parviennent pas à destination ce soir. Et c’est le seul mot qu’elle arrive à prononcer tellement les émotions trop fortes et contradictoires prennent contrôle sur le reste. L’oxygène rentre dans son organisme mais ne parvient plus à sortir. L’horloge s’est arrêté et quelqu’un allait devoir remonter les aiguilles.
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Ivan Nazarov
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MessageSujet: Re: A bout de souffle. [Ivan]   A bout de souffle. [Ivan] EmptyJeu 30 Mai - 23:29

« A toi, à jamais. »

La barque ondule, ondule jusqu’à toi. Mon esprit se laisse bercer par la houle de l’eau. Il fait bon, la chaleur du soleil sèche mes larmes, fait craquer le bois de mon embarcation. Apaisé, je vague loin des morts calcinés par le feu, déchiquetés par les grenades. Des fils de sang se jettent sur mes yeux que je suis incapable d’ouvrir. Mon coeur palpite. Mes narines ventilent. Ça sent la terre noire, la sueur. Mes oreilles sifflent. Une alerte sourde, de longs bourdonnements puis des sifflements qui jamais ne s’estompent. Je bouge une main puis l’autre, secoue les jambes et me réveille.

« Je ne suis pas cette femme-là »

J’ouvre les yeux et le soleil blanc brûle ma rétine. En me levant, je prends conscience d’être toujours à terre, sur le large de l’île de Goto du Japon. La plage immense fait de moi un grain parmi les autres. Je me lève et titube, cache l’horizon de ma main. Personne n’est encore venu me chercher. Je suis libre. Libre de te rejoindre, Polina. Ma main rejoint ma pensée et par habitude, caresse mon torse à la recherche de la lettre. En me rendant compte que je n’étais plus vêtu que d’un linge de corps à moitié déchiré, mon coeur se remet à battre. Je n’y vois rien, il fait foutrement blanc. Partout autour de moi. Le sable et le ciel écrasent mon crâne, tels une énorme paume exécutant leur pression, rapetissant mes yeux qui me font atrocement mal à force de lutter pour les garder ouverts. Je marche à tâtons dans l’air immaculé jusqu’à retrouver les marches de l’église qui me servait de refuge. A l’intérieur, ma veste, ma lettre, mes espoirs, mes promesses. Le plan était simple : trouver une embarcation, contourner la flotte russe et atteindre l’île de Jeju, puis atteindre Shanghai avant la fin du mois de juin. Avant les premiers vents de l’automne, je serai de nouveau à toi, Polina. « Heishi ! Heishi ! (Soldat ! Soldat !) » Furent les derniers mots que j’entendis à Goto, comme pour mieux me ramener à ma condition première. A jamais, un Heishi. Ma bouche ne s’ouvrit pas pour remercier le lanceur d’alerte. Je sortis de mon lieu de recueil et la percevait à l’horizon, la flotte qui allait me ramener à la maison. Je me retournai alors, et lentement, enfilai ma veste. Je me saisis d’un fruit et allai me poser au milieu du sable chaud en attendant ma peine. Mes doigts se glissèrent contre ma peau velue jusque l’intérieur de ma veste.

Je retirai ma main que je posai promptement sur le réverbère posté en face de chez toi. Les Halesia n’ont pas bougé. Je ne tiens plus debout. Depuis mon retour à Saint Pétersbourg, mes repères s’écroulent un à un sous mes pas. Je me sens comme un étranger dans sa propre maison. A bout de souffle, je contemple ta fenêtre vide. Le silence aspire mes tympans et je veux crier ma présence jusqu’à en perdre la voix. Je suis là, je suis revenu. Je veux poser mon pied sur la route et venir te rejoindre mais mes jambes ne répondent plus. J’y arrive enfin mais une paire de chevaux croisent mon chemin et je manque de me faire renverser. Je recule et percute la grille du jardin derrière moi. Je vais craquer. C’est trop difficile. Je ne tiens plus. Je m’assieds sur un banc. Les chevaux passent, repassent devant mes yeux et arrachent mes souvenirs qui me ramènent à la première fois où je t’ai vu, Polina. Tu avais 11 ans et tu avais déjà le gout du risque. Tu escaladais tout ce qui pouvait être agrippé : une grille, un arbre, une façade, un mur. Moi, j’étais toujours en bas, à te crier : fais attention, tu vas tomber. Jamais, tu n’es tombée. Jamais tu n’as eu peur de regarder en bas. Du haut de tes onze ans, tu me regardais moi, adolescent déjà bien formé, en me toisant : « Ivan Igorevitch, aurais-tu la frousse ? ». Malen'kaya obez’yanka (Petit singe). Oh si tu savais comme j’avais peur. Peur qu’à trop vouloir te hisser parmi les cieux, tu me files entre les doigts et que jamais je n’arrive à te rattraper. Je déglutis et baisse les yeux au souvenir de mes regrets. Avais-tu senti l’étreinte de mon contrôle te serrer trop fort lorsque j’avais pris pour acquis notre promesse ? Mon regard las lèche les dalles de pierre sales et je pense à toi. Toujours.

A jamais.
Cela fait deux heures que je fixe les lattes dorées du plancher de la demeure qui réceptionne ce bal insignifiant dont tu fais partie. Depuis deux heures, je sais. « Oui, Polina Leonidova. Elle est là, avec son promis, Wolf… » La suite n’était qu’un essaim d’abeilles dans le creux de mes oreilles. Son promis. Je, suis son promis. Je suis à toi, à jamais, ne te souviens-tu pas ? Ma main se faufile vers l’intérieur de ma veste et du bout des doigts, je la frôle. La lettre. Non, tu ne te souviens pas. Qui suis-je pour croire qu’une promesse tiendra pour l’éternité ? Mes mots, gravés sur notre arbre, avait vu les saisons abimer les contours des lettres puis les écureuils, les pigeons et les guêpes les avaient salies de leur passage. Je n’étais plus qu’une griffe tassée sous une couche de pluie, à peine visible. Que faisais-je là, ce soir, à batifoler avec les chignons dorés, tous ces corsets serrés jusqu’à l’os me donnent l’envie de vomir. Je me lève de mon banc et croise la salle d’un bal animé. Soudain je m’arrête dans l’embrasure de la porte et la vois. Te vois. Les années passées à te parler dans ma tête devinrent risibles jusqu’à ne former qu’une paire de billes instables et vibrantes. Ton regard me jauge pour ce que je suis : un fantôme. Ma silhouette glisse alors parmi la foule. Promis ou pas, je veux coller le souvenir de ta voix avec la vibration de tes mots. Tu n’as pas changé, je le vois, je le sais, je le sens. La salle tournoie sous la musique mais je reste droit, déterminé. Arrivé au milieu de la pièce, tu n’es plus là. Eternel trublion, tu me files entre les doigts. La tornade blanche que forme ta robe amène mon regard en dehors de la pièce. Je suis la trace que tu laisses, saisis le fil de ta fragrance et atterris devant la bibliothèque. Posté là, je te vois tourner de l’oeil, lance mon bras à ton secours et te porte jusqu’à une méridienne près de la cheminée. Je me retourne pour vérifier que personne n’a remarqué le spectacle. Je me lève et ferme la porte doucement. Je te rejoins et te pose sur le flanc pour atteindre les fils de ton corset que je desserre un à un, avec précaution. Après t'avoir remis sur le dos, je me saisis de la flasque d'alcool dans mon veston ainsi qu’un mouchoir et tamponne le goulot sur le tissu que je porte à ton nez. Tu ouvres les yeux à nouveau et ma main, portée par une volonté propre, vient se poser sur ta joue. « Malen'kaya Obez’yanka. Tu m’as fait peur. »
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Polina Leonidova
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MessageSujet: Re: A bout de souffle. [Ivan]   A bout de souffle. [Ivan] EmptyMar 4 Juin - 18:24

Hé, toi là-bas!” vocifère le maraîcher. Il pointe son doigt crasseux vers Polina. “Ce garnement m’a volé une orange!” C’est évidemment faux. La concernée se tourne vers son compagnon, la panique et l’amusement se mêlant dans son regard alors qu’une évidence semble s’imposer, comme un message télépathique, alors qu’Ivan scelle ses doigts entre les siens. Leurs jambes habillées de pantalons d'homme s’animent en cadence, et ils s’enfuient tous deux de la place Sennaya, se glissent dans des rues sinueuses et étroites, alors que l’animation derrière s’amenuise crescendo. Ils glissent tous deux le long d’un escalier, profitant d’une alcôve sous la construction de pierre. Dissimulés derrière leurs capes sombres, ils ne risquent pas de se faire découvrir. Le corps d’Ivan fait office de bouclier aux agressions extérieurs pour Polina, et ses contours épousent parfaitement les siens. Des voix s’élèvent au coin de la rue et Polina sent son pouls s’agiter. Son protecteur attrape son menton, la force à chercher du calme dans son propre regard. Les voix s’éteignent doucement, ils ont pris une autre direction. Mais le sang de Polina bouillonne dans ses veines et ne peut offrir qu'une conclusion logique aux battements effrénés de son cœur. L'amitié qu'elle offre à Ivan depuis trois ans ne suffit plus. L'amour bourgeonne depuis un petit moment maintenant. Ces émotions naissantes totalement inconnues ne sont pas pour lui déplaire. A nouveau l’évidence vient les frapper tous les deux silencieusement, alors que Polina entrouvre ses lèvres délicatement, et en un instant leurs bouches conjuguèrent leur présent très chastement d’abord, puis plus intensément afin d’estampiller leur amour d’une promesse tacite pour toujours et à jamais.

Polina ouvre les yeux sur une peinture presque impressionniste. Les contours encore flous du visage d’Ivan se fondent devant elle. Ses paupières clignent quelques fois, aussi bien pour intégrer une netteté disparue, que pour s’assurer qu’elle se trouve dans la réalité. Ce sont les mots prononcés qui l’atteignent en premier. Ses lèvres s’étirent en entendant le surnom qu’elle n’avait plus entendu depuis des années. Elle sent son cœur manquer un battement. Le poids de sa main sur sa joue finissent de la ramener vers le présent. Il est encore difficile de se rendre à l’évidence. Sa main gauche vient d’abord affirmer ses certitudes en se stationnant sur la sienne. Sa chaleur miraculeuse est écrasante. De son bras droit, elle vient peindre les contours du visage d’Ivan du bout de ses doigts, le passé la submerge comme une vague un jour de tempête. Ses paupières viennent s’éteindre à nouveau pour le contempler à nouveau. “Tu es là,” parvient-elle à articuler. C’est à ce moment qu’elle se rend compte de son habilité à respirer, contrairement à un instant plus tôt. Son corset semble bien plus lâche et elle sait instantanément qu’il n’y a qu’une seule personne à remercier. Plus tard. “Je te croyais… mort…” avoue-t-elle à demi-mot. Suite à une colère monumentale -et compréhensible- de son père après que les fiançailles aient été rompues, Polina a été totalement privée de contact avec la famille Nazarov. Ainsi a-t-elle assumé que, sans nouvelles et sans le voir dans Saint-Pétersbourg, dans les bals ou les sorties mondaines, son ancien fiancé avait tout bonnement péri lors de la guerre Russo-Japonaise. Elle a passé des mois terrée dans sa chambre, a regretté les mots prononcés tant la douleur de la séparation avait été forte. La vie a repris son cours et de nouveau, elle fut forcée à courir les bals et les soirées mondaines à la recherche d’un mari. Polina est faite d’un matériau plus fort que ce que veut bien croire son paternel. Elle les a tous envoyés balader, dansant avec les quelques insensés qui osait encore l’inviter. Elle s’était résignée à devenir vieille fille, préférant ses activités illicites nocturnes et ses comptes rendus aux nouvelles de Pétersbourg aux jeux mondains, jusqu’à ce qu’entre Wolfram et les combines de son père. Son sourire s’efface, la lumière de son regard disparaît. Elle lâche soudainement le visage d’ivan mais pas sa main. “J’imagine que tu as appris mes fiançailles…” souffle-t-elle en lançant son attention sur le feu de cheminée derrière lui.
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MessageSujet: Re: A bout de souffle. [Ivan]   A bout de souffle. [Ivan] EmptyMer 5 Juin - 18:19

La voir là, étalée et inerte sur la méridienne, était comme le spectacle d’une sublime nature morte. Une remarquable fresque dont on apprécie les petits détails. Suivre les traits délicats qu’a laissée la langue humide du pinceau ; admirer les pointes de couleur disséminées sur le fruit ; goûter au jeu de lumière coulant sur l’épiderme. On a envie d’y toucher, d’en humer le parfum. Et pourtant, lorsque je mis mes mains sur sa peau laiteuse, quand ses yeux d’un bleu plus profond que l’océan lui-même s’ouvrirent de nouveau à moi, je n’eus pas conscience tout de suite de la réalité de ce moment. J’étais dans la peinture. J’étais un acteur du sublime et j’étais là, vivant, puisqu’elle arrivait elle aussi à atteindre ma peau. Par le toucher de ses doigts, je sentis mon âme bouger légèrement. Ma barque avait terminé sa lente ondulation et je vis l’écume de la grande vague bleue percer le vent de ses doigts crochus, arriver droit sur mon visage. Je l’accueillis avec délectation, non sans une certaine stupeur. De fines bulles éclatèrent en moi comme une bouteille que l’on secoue trop vite.  « Tu es là » Oui, je suis là, avais-je envie de lui crier au visage. Les mots restèrent dans ma gorge. Nous sommes là, enfin. Toi, moi, et sous la somme de nos atomes : la mer. Devant nous, l’horizon. Je suis bel et bien vivant. Non ? (…) Mort, n’est-ce pas ce que je suis, sans toi ? Ma bouche s’ouvre mais rien ne sort. Mes poumons se noient sous l’effervescence de cette renaissance. La seconde vague, celle des souvenirs, arrive avec dans le creux de l’eau, le bruit de tous ces hommes morts devant mes yeux. Le jet du sang rouge pourpre, la stupeur, la honte, Oleg, l’incompréhension, une colère sourde, j’encaisse les impacts de la culpabilité, ankylosé. La secousse sous mes yeux est violente, presque impossible à retenir. « Je me sens…mort. » Lui avouais-je, au bord des larmes.

Au bout de quelques secondes, ses derniers mots reviennent dans mon esprit telles de violentes piques tentant de me sortir de mon effroi. Si la raison habitait encore mon esprit, j’aurais pleuré toutes les larmes de mon corps devant tant d’injustice. Mais j'avais depuis longtemps quitté le monde réel. J'étais un homme mort-vivant revenant de l’enfer, glissant le long des murs dorés de sa ville d’autrefois, venant soudain hanter les âmes qu’il a laissé filé vers un paradis artificiel. Ma seule présence devait tout bousculer sur son passage, aspirer les promesses et rejeter la réalité mais c’est tout l’inverse qui se tramait dans mon esprit. Je fixe mon regard sur le pendentif qui tombe entre les seins de ma promise. Je veux aspirer la réalité, et rejeter les promesses. Ma main droite s’enlève doucement de sous la sienne, et je me lève à mi-hauteur, la surplombant de toute ma carrure. Elle n’est plus qu’une ombre minuscule sous mon regard décidé. Le spectre de ma volonté s’étale bien au-delà de nos deux corps, si bien que la lumière venant de la cheminée derrière moi n’était plus qu’un filet doré se plaquant sur ses yeux azur. « Oui. » Je ne la regarde même pas, car mes yeux sont fixés sur son collier fermé. Du bout de mes doigts, je frôle à travers son chemisier les gravures dorées du pendentif. Les voici, les promesses, criant sous les estampes comme les tiges de fleurs assoiffées. Son corset desserré laissait sa poitrine généreuse flotter sous le tissu blanc. Du revers de l’index, je vins caresser avec la plus grande douceur et la plus sincère gravité le flanc de son sein gauche. C’est à ce moment que je décidai de planter mon regard dans le sien, à nouveau. « Je le sais. » Un sourire discret se voulait rassurant : je n’en avais que faire de son prétendant. Elle était mienne. La vague fit un remous derrière mes yeux concentrés et j’étais de nouveau ce jeune garnement fuyant la place Sennaya. Sous ma cape, notre amour intact. C’est dans la peau de celui que j’ai toujours été, son vagabond, que je pris son menton dans la paume de ma main et que je répétai des gestes imprimés dans le moindre de mes muscles par la force de mon souvenir. La distance entre nos deux visages se faisait de plus en plus fine et je sentais mon désir monter en moi, me pousser à aspirer son âme jusqu’à ne plus déceler sa bouche de la mienne. Toutes ces années perdues, ces promesses envolées, ces âmes sacrifiées, toute la violence de nos sentiments refoulés resurgirent comme une tornade formées par nos deux langues. J’écrasai mollement son nez avec le mien puis ses lèvres par les miennes, de nouveau. La violence du déferlement nous avait ôté la permission de respirer et c’est après avoir repris de l’air que nous comprîmes notre geste et l’environnement qui nous entourait. Je reculai légèrement, repris ma position précédente et contemplai ses lèvres rougies par la rudesse de notre baiser. J’attendis un instant avant de glisser ma main dans mon veston. Le bout de mes doigts n’eurent pas le temps d'atteindre le papier qu’un bruit derrière moi firent tressauter mes oreilles. Mon coeur fit un bond. Du coin de l’oeil, j’aperçus la porte tanguer, entrouverte, et compris que quelqu’un venait possiblement de nous apercevoir. A moins que je l’eus mal fermé. Le doute s’emparai de moi et je me levai subitement pour aller vérifier que personne n’attendait derrière la porte. Le couloir était vide. Je me retournai alors vers ma promise, en espérant que cette frayeur partagée n’avait pas brisé le moment.
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