Merci de privilégier les personnages n'étant pas issus de la noblesse
Le Deal du moment :
ETB Pokémon Fable Nébuleuse : où ...
Voir le deal

Partagez
 

 Come after me (Hastings)

Aller en bas 
AuteurMessage
Diana Romanova
Diana Romanova
Invité
Inscrit le : 25/05/2019
Messages : 10
Pseudo : Maud
Portrait : Eleanor Tomlison
Alias : Polina
Disponiblité : 7/7 comme Anne Sinclair (vous l'avez? :p)
Come after me (Hastings) KWg9n21 2 Situation : princesse
Résidence : à voir
Cercle(s) : à voir
Come after me (Hastings) Vide
MessageSujet: Come after me (Hastings)   Come after me (Hastings) EmptyJeu 6 Juin - 11:13


Let's play a little game
Just between you and I
I'll be yours in physical
You gotta use your mind
We can be cops and robbers
Tarzan and Jane, Marilyn and Robert
But either way the objective is the same
To please and entertain



Le vieux prince Vanya fait des bulles avec sa bave. Mes parents pensent vraiment que c’est avec ça qu’ils vont me contenir? J’examine le filet tombant de ses lèvres avec appréhension, alors que son chien, le vieux Saint-Hubert prénommé Lucius, miroite le comportement de son maître avec précision. Je rejette mon regard avec dégoût et prend la direction de la fenêtre. Il tente encore de me déclamer de la poésie pour mieux gagner mon cœur et je ne peux empêcher un soupir de gagner mes poumons. Pendant combien de temps encore est censée durer cette mascarade? Je sens le regard désapprobateur de la chaperonne transpercer ma personne mais je n’en ai que faire. Je ne vis pas pour ce monde là. Je pense commettre un meurtre si j’entends encore un seul vers de sa poésie de bas-étage. Je me retourne soudainement. “Votre altesse, pardonnez-moi, mais je pense avoir besoin de beaucoup de temps afin de me préparer pour notre rendez-vous de ce soir. Rendez-vous que j’attends avec la plus grande impatience, bien entendu.” Je me permets une révérence alors son filet de bave manque de se fracasser sur la moquette. Je réprime un haut-le-cœur et ouvre un œil en espérant qu’il s’en est débarrassé. “Me laisseriez-vous me retirer? Je vous reverrai ce soir pour notre sortie à l’opéra?” Je feins mon plus grand sourire mais cette perspective a de quoi m’écœurer. Je n’attends même pas ne serait-ce qu’un hochement de tête de la part du vieil homme et prends congés de cet ignoble personne. A peine ai-je fermé la porte du petit salon derrière moi que je croise le regard de mon nouveau “garde du corps” comme ils l’appellent. “Ah vous êtes toujours là, vous?” je lance avec humour. J’ai pour réputation, j’en suis consciente, de faire jeter l’éponge tous les gardes qu’on m’envoie en moins d’une semaine. Le dernier n’a même pas tenu vingt-quatre heures. Ce monsieur écossais, qui je dois le dire, n’est pas des plus affreux à contempler, tient depuis quatre jours maintenant. Quel miracle! Ou pas, il faut également dire que je n’ai pas eu l’occasion de lui faire étalage de tous mes talents. Peut-être qu’on lui a donné l’ordre de ne pas m’adresser la parole, mais il reste muet comme une carpe. J’hausse les épaules avec un rictus amusé et prends la direction de mes appartements. Sa présence se fait sentir derrière moi, je constate il n’a pas le don de furtivité des hommes d’armée qu’on m’a assigné auparavant.  Finalement, la soirée de ce soir aura plus de charme que ce que j’avais prévu. Je vais enfin pouvoir tester l’endurance du jeune homme et m’amuser.

On joue Carmen ce soir et je me retiens de bailler dans la tête de la chaperonne. Elle est endormie depuis une heure et ses ronflements manquent de déranger l’assemblée. Non pas que la perspective me dérange, au contraire. Il se passerait au moins quelque chose. Vanya à côté, m’adresse son sourire édenté et encore une fois, je manque de régurgiter mon dîner à ses pieds. Au moins il n’a pas amené son chien dégoûtant. Je sens sa main gantée saisir la mienne après son regard furtif à notre accompagnatrice. La répulsion me saisit doublement, je sens ses doigts très étranges enserrer les miens. Le portrait du vieux prince a de quoi me faire froid dans le dos. Il s’apprête à parler mais je le coupe tout de suite. La musique classique doublée de poésie d’enfant de quatre ans, et je me jette de ce balcon. “Vous m’excusez votre altesse, j’ai besoin de visiter le salon des dames.” Je propose une petite révérence de la tête et m’enfuis de ce cube avant de faire un malaise. A nouveau, lorsque je ferme la porte, mon nouveau garde du corps se lève, à l'affût, et je me retiens d’exprimer l’amusement qu’il me procure. Je reste une seconde à le fixer, le dévisager de la tête aux pieds avant de reprendre ma respiration. Je ne m’en suis même pas rendue compte. “Je vais simplement au salon pour dames.” Encore une fois je le sens me suivre alors que nous descendons les escaliers, lui, quatre marches derrière. Je lance quelques coups d’œil afin de m’assurer qu’il me suit toujours lorsque nous arrivons au rez-de-chaussée. Je m’arrête à la porte du salon qu’un domestique s’empresse de m’ouvrir. Je suis sur le point de pénétrer dans la petite pièce lorsque je me retourne vers mon accompagnateur. “Vous me faites confiance ou vous avez besoin de m’accompagner pour vérifier que je ne m’échappe pas par la fenêtre?” J’avoue que l’idée m’a effleurée l’espace d’un instant, mais ce serait tellement simple. J’ai besoin de plus de sensations fortes que ça.

L’opéra se termine enfin et j’ai l’impression d’y avoir laissé ma vie. Fort heureusement le prince a laissé de côté toute tentative lyrique mais je redoute un voyage dans la calèche. La chaperonne s’endormira sans même me laisser une chance de sortir en vie et vertueuse de cet enfer. Un nouveau rictus anime mon visage lorsque je revois l’écossais à la sortie du box. Faisons d’une pierre, deux coups. Je ne touche mot de mon plan à personne, je sens que les deux parties vont vouloir me dissuader de m’embarquer dans une telle affaire dans Saint-Pétersbourg à la tombée de la nuit, et les répercussions sur la chaperonne vont être terribles. J’hausse les épaules dans mes réflexions et ferme la porte derrière la vieille dame et le prince. “Ne vous inquiétez pas, je suis entre de bonnes mains!” Je catapulte mon intervention avec la même force que la porte et me retourne vers mon garde écossais. “Il serait bien dommage de gâcher une soirée comme celle-ci en rentrant en calèche, vous ne trouvez pas?” Alors que la calèche s’en va, j’entame ma promenade nocturne, puis me retourne. “Vous venez? De toute façon ce sera avec ou sans vous. Ce serait dommage de perdre votre travail si vite.” J’envoie un rire vers le ciel et reprends mes pas, en espérant sentir à nouveau sur mon dos les yeux perçants de mon accompagnateur.
Revenir en haut Aller en bas
Hastings Buchanan
Hastings Buchanan
Prolétariat
Inscrit le : 30/05/2019
Messages : 27
Pseudo : Alex
Portrait : Callum Turner (nuit parisienne)
Disponiblité : Tous les jours, si possible
7 Situation : Sportif reconverti
Résidence : -
Cercle(s) : -
Come after me (Hastings) Vide
MessageSujet: Re: Come after me (Hastings)   Come after me (Hastings) EmptyDim 9 Juin - 15:09

La vie n’est-elle pas plus drôle lorsqu’on la regarde de biais ? A l’école, j’ai toujours envié ceux qui vont au coin. Ils échappaient toujours à la frontalité de la leçon et profitaient de la coulisse. Le professeur avait-il le pantalon troué sur les mollets, dévoilant des chaussettes rayées de toute beauté ? Seul le cancre le savait. Dans les salons du palais Peterhof, j’aimais me perdre. Profiter du sommeil des princesses pour me faufiler le long des bibliothèques remplies de savoir, descendre aux cuisines, parler aux insomniaques, aux mains sales, aux laissés pour compte, et y glaner des anecdotes croustillantes. Le Tsar a-t-il des obsessions qu’il cultive en secret ? Une passion pour les cocottes en papier qu’il cache sous son lit ? Au sein des demeures des demi-dieux aux ailes dorées, je suis la mouche sur le rideau. J’observe et me colle en me frottant les mains. Je suis tout à fait à ma place. Dans la marge du livre, dans les entrelignes, je sais et cultive ma perspective singulière. Et mon principal sujet d’observation est le plus beau papillon de la closerie : Diana. Sous l’effervescence de ses ballets incessants, je scrute les couleurs imprimés sur ses ailes et note en secret ses détails les plus intimes. Les petites tâches contre les ailes de son nez, le grain de beauté au dessus de sa poitrine. Dans l’entrebâillement des portes, je contemple la nymphe et attend patiemment sa métamorphose. Quel régal quand elle ouvre la porte, comme en ce bel après-midi printanier, et se souvient soudain de ma présence. Je frétille sous ma chemise et, gardant le silence, continue à la suivre en scrutant le mouvement de ses talons quand elle marche, humant le parfum qu’elle laisse flotter devant moi. Sa nuque. Ses coudes. Ses mollets. Mon obsession est puérile mais mes ambitions moins chastes que celles de l'adolescent qui n’a jamais gouté au fruit interdit. Je m’amuse de tout avec l’irrévérence du cancre calé dans son angle.

Bizet m’ennuie, je préfère contempler le bleu du ciel artificiel du théâtre, m’imagine faire partie des anges juste pour leur susurrer à l’oreille de casser la ronde et glisser le long des nuages voisins pour voir ce qu’il s’y tramait. La princesse se lève, je me lève. Elle me parle, je me tais. Elle me toise, je la laisse faire. Je lèche la poussière dorée que sa présence me tend et reprend une posture officielle -droit comme un piquet, les mains dans le dos- face à ses mots. “Vous me faites confiance ou vous avez besoin de m’accompagner pour vérifier que je ne m’échappe pas par la fenêtre?” Mon visage reste inexpressif. Il aurait pourtant fallu se pencher juste un peu en plissant les yeux pour apercevoir les fines vagues de mon amusement couler d’une lèvre à l’autre. Prenez votre envol, princesse. Je serai là, droit comme un arbre, tendant les branches en attendant que vous vous y posiez. Ma certitude était telle que mon mutisme n’était qu’un relais tendu vers elle, n’attendant que le moindre contact pour se déplier à sa convenance. L’opéra se termine, nous sortons tous. Je pivote et suis les bouches produire leur son, proclamer leurs ordres. La princesse a les jambes qui lui démange. J’observe la voiture quitter le trottoir et continue ma partition mutique. Elle touche le relais et je jubile en sourdine. Je la laisse s’en aller sans rien dire. J’attends qu’elle ait traversé la route en direction du petit jardin faisant face au théâtre pour l’imiter. Posté à l’extérieur du jardin, sous la lumière d’un réverbère, je la regarde flotter le long des bancs vides laissés par les amoureux de la nuit. Elle glisse, et s’arrête, regarde par dessus son épaule, inquiète. Je me mets alors à siffloter l’air de l’opéra qui nous réunissait il y a encore quelques minutes. Elle est rassurée, et continue sa marche avec désinvolture. Le ballet continue dans la solennité la plus totale. Les rues sont vides, mis à part le bruit des sabots des chevaux. Les gens chuchotent dans la nuit, et sous leurs fenêtres, nous passons en frôlant les murs de leurs demeures. Inaccessibles, l’un à l’autre, tendant un fil que l’autre feint de ne pas déceler. Par moment, je m’arrêtais et la laissait partir au loin, mes yeux tels un pinceau dessinant sa silhouette fuyante dans les lumières impressionnistes de la nuit pétersbourgeoise. Sa marche s’interrompit devant les grilles du jardin de l’impressionnante cathédrale Saint-Nicolas-des-Marins. Elle avance et je la suis de près, maintenant, à peine quelques pas derrière elle, se poser sous l’édifice. Le doré des bulbes posés sur les tours éclairait l’allée. Il faisait ressortir le bleu pâle de la cathédrale et sous ses colonnes admirables, les yeux de la princesse. C’était le moment parfait pour échanger quelques mots. Je saisis l’occasion pour, au contraire, continuer mon chemin. Les mains dans le dos, je tournai autour de l’édifice religieux et feignait de m’intéresser à ses traits, jetant méticuleusement mon regard par dessus mon épaule en sifflotant Carmen. Nous faisons ainsi le tour de la cathédrale. Je m’arrêtais sur un banc et attendit qu’elle me rejoigne à mes côtés. « Vous êtes croyante ? » Lui jetais-je soudain en regardant l’immense refuge bleu et doré. Je finis par revenir vers elle, plantait mon regard dans le sien, dénué des conventions sociales attachées à ma fonction. J’anticipe son éventuel choc devant tant d’irrévérence et continue, sans gêne aucune. « Personnellement je préfère prendre mes propres décisions. La simple pensée de quelqu’un contrôlant mes choix, mes faits et gestes m’horripile au plus haut point. » Nous n’étions plus que deux jeunes gens assis sur un banc à parler de rien. Mon regard se perd dans l’air et une pensée va à mon père. Idée que je chasse très vite, ce qui déclenche mon plus grand et plus beau sourire que je lui adresse volontiers. Ici, avec elle, j’étais libre, entier, inconscient. Personne n'allait pouvoir m'enlever ce moment.
Revenir en haut Aller en bas
 
Come after me (Hastings)
Revenir en haut 
Page 1 sur 1

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
NUITS BLANCHES :: Санкт-Петербу́рг ♕ saint-pétersbourg :: Triangle d'or :: Théâtre Mariinsky-
Sauter vers: